Les belles histoires

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Ma fille est abonnée à une revue mensuelle, « belles histoires ».
L’autre soir, au fil de la lecture, elle me fait:
« Dis, Papa, çà finit toujours bien les belles histoires? »
Je lui réponds:
« Oui, tu vois, çà finit toujours bien » alors que je venais d’achever la lecture.

Puis, je l’ai vu faire la moue et ajouter:
« T’es sûr Papa? »
« Mais oui, sinon, ce n’est pas une belle histoire, on n’a jamais vu une belle histoire qui finit mal ».

« Allez dors maintenant ».

Je me suis couché aussi, mais je n’arrive pas à trouver le sommeil parmi les étoiles.

Je me suis dit que parfois, une mauvaise fin pouvait clore une belle histoire et qu’une belle histoire qui se terminait bien n’était pas forcément belle.

Mais qu’est-ce qu’une belle fin ou une mauvaise fin?

Ah la la ! à la fin! quelle histoire!
Une belle histoire qui n’a pas commencé, n’a pas de fin, elle est en devenir…
Une belle histoire qui ne finit pas existe-t-elle vraiment?

Moralité: Si vous avez des enfants entre 4 et 8 ans, vous devriez les abonner à « Les belles histoires ».
Moralité de la moralité: Ce n’est pas la fin qui fait les belles histoires, c’est ce qu’elle raconte.

 

Histoire de cerf-volant

cerfvolant

C’est un morceau de ciel avec des nuages blancs couleur de neige, un couvercle en forme d’hémisphère.
Un immense globe avec des lutins dedans, quelques fées. Donc un globe avec des nuages au-dessus, évidemment.
Il est trop grand, souvent. A l’intérieur il y a un cerf-volant. Vi. Un cerf-volant. Quelle idée de mettre un cerf-volant dans un globe aussi grand.
Au milieu de cette immensité, ce matin se dessinaient des gazouillis, maladroitement, comme on dessine des gribouillis au fond de la classe quand le cours n’enthousiasme plus l’esprit, une éclaircie dans l’embrouillamini du cerveau devenu trop lent.
Pour aller où ? Rêver un peu sous le firmament? Sombrer dans ses pensées? Ca a quelque chose de tragique, ou nostalgique, ou même peut-être romantique, un gribouillis perdu au coin d’une feuille de brouillon qui n’existe pas encore…
Ne reste que le ciel bleu ouaté de blanc, un morceau de papier blanc noirci. Je le regarde de temps en temps. C’est jolis tous ces petits tracés, une nouvelle forme de pointillisme, une seule couleur et pourtant un arc-en-ciel en forme de pont entre la feuille et les nues.
Et puis tout s’anime, avec un cerf-volant.
Alors je lève le nez et je me demande quoi dessiner, quel rêve, quelle destinée? Et d’abord pourquoi il tourne toujours en rond? Une drôle d’histoire pour un cerf-volant.
Un morceau de rêve à lui tout seul, ce cerf-volant au coin d’une feuille… çà a quelque chose de pathétique.
Aujourd’hui pour la première fois j’ai remarqué qu’il s’envolait au gré du vent, comme les gazouillis portés par la brise. Il n’a pas l’air de vouloir s’envoler vraiment, mais il porte mes rêves au-delà de l’horizon.