de Heure-bleue!
Ou comment placer dans un texte les mots: ANPE, CHANEL, MANOLO BLAHNIK, COQ ROUGE, DICTIONNAIRE, TARTE TATIN, MADELEINE DE PROUST, BIBELOT, CHAGRIN et MEDISANCE.
J’ai lu, puis je me suis dit, ben bof, çà m’inspire pas son truc… D’abord, c’est quoi des Manolo Blahnik, tu le sais toi ? Moi pas…
Alors je vais sur Exalead, tu sais le google français, et je tombe sur des chausssures, maaaaa!!! Tu vas pas le croire, j’en avais jamais vu d’aussi, comment dire, voluptueuses 😉
Je m’imaginais, j’sais pas moi, une rue de Jérusalem, Tel-aviv, une légende hébraïque, enfin pas une paire de chaussures quand même !
Et là je tombe sur une paire « Brazil » et je suis parti pour un p’tit délire. Manolo Blatruc, çà m’a inspiré d’un coup. Je me suis mis à écrire d’un trait, si si si!
Et hop! un délire 😉 ))))
J’avais été par le passé un homme très pressé, ne comptant pas les heures, travaillant encore et encore. La vie s’écoulait trop vite sans que je n’y prenne garde. J’étais « designer » pour une marque fort réputée d’articles sportifs, la célèbre griffe « le Coq Rouge ».
L’apogée de ma carrière trop courte avait été la consécration de 1998, avec cette fameuse coupe du monde et mon modèle de chaussure Hi-tech dans un concept complètement renouvelé et dépouillé, la « Manolo Blahnik ». Le premier à l’avoir adoptée avait été Ronaldo, puis toute l’équipe du Brésil avait emboîté le pas… Rire… à ce joli pied de nez fait à la concurrence du moment. Certains, plutôt portés par la médisance avaient qualifié ma chaussure de bibelot, rien de moins, un ersatz de chaussure de chez Chanel. Franchement, elle avait de la gueule ma chaussure « Manolo Blahnik », avec son mono talon qui remplaçait avantageusement les 12 crampons officiels. Une adhérence à la pelouse inégalée jusqu’à ce jour. J’avais créé une chaussure légère, légère, avec une bride au niveau de la cheville, et une aération latérale maximum, en fait le pied était nu… Non, ce n’était pas un nu-pied, c’était une chaussure profilée, allégée en matière sur le côté afin de la rendre encore plus proche du pied de l’athlète, juste parvenir à se faire oublier.
La vague « Manolo Blahnik » avait gagné le grand public avec un modèle meilleur marché, lancé aussitôt pour surfer sur cette vague de succès. Notre maison le Coq Rouge allait pouvoir damner le pion aux multinationales du secteur. Nous avions recherché un nom pour cette version grand public. Tout le dictionnaire y était passé. Mais notre équipe marketing aux moyens réduits, ne parvenait pas à déposer un nom qui satisfasse notre directeur de produit. Finalement, devant tant d’esprit chagrin, nous en étions arrivés à la conclusion que le nom de « Manolo Blahnik » devait aussi être porté par cette version grand public. Ce fut un véritable déferlement! Il fallait voir dans les rues, les jeunes, des femmes, des hommes, bref, la démarche sportive de toute une génération allait être scellée dans les mémoires collectives pour au moins une décennie, plus sûrement que la Madeleine de Proust n’avait pu le faire en son temps.
Et puis il y avait eu cette finale perdue par les brésiliens. Ce retourné raté de Ronaldo en position de buteur. Il s’était étalé, renversé comme une tarte tatin avaient titré quelques chroniqueurs sportifs à la plume acérée. J’avais été convoqué dès le lendemain matin dans le bureau de notre directeur de produit, qui après avoir encensé le génie créateur de mézigue pour une aussi ingénieuse créativité, me demandait ni plus ni moins ma démission afin de calmer l’ire populaire qui ne cessait de monter. Il ne se passait plus de jours, sans qu’un fait divers ne relate une chute d’un porteur de « Manolo Blahnik ». Notre directeur n’avait cette fois pas de mots assez durs pour qualifier l’inconsistance et la légèreté de ma création. C’est ainsi que je m’étais retrouvé par un beau jour de Juillet dans une agence de l’ANPE. PS: Vi, je sais, des Manolo Blahnik, c’est très design 😉