Babelesia

J’ai pris la voiture pour cause de départ matinal…

Tu le sais sans doute déjà, mais circuler en voiture en île de France c’est insupportable, l’enfer !
Vu l’heure, je n’en vois rien.

J’ai pris le parking dit à tarif réduit ! C’est pratique avec le CDGVal, mi-metro, mi-tram, tu peux ainsi aller d’un terminal à l’autre en passant par les parkings. Réduit, réduit, j’aimerais bien voir les tarifs des parkings « normaux », il doit falloir carrément une carte American Express triple Gold pour y entrer.

Envol côté soleil levant, le spectacle est toujours aussi beau, le tapis de nuages a un air de banquise, tout plate, immensément blanche et le soleil à l’horizon dessine des couleurs d’aurores boréales que le vocabulaire ne connait pas. C’est beau.

3 jours dans la ville de la finance, un très court passage par Mainz, superbe, je n’ai rien eu le temps de voir, mais je reviendrai pour t’y emmener et prendre le temps.

Retour dans un soleil couchant splendide, c’est le même soleil autour de la même terre, mais les couleurs diffèrent, de ce côté-ci, c’est un brasier immense côté Ouest avec des couleurs d’automne embrasé…

J’avais failli raté mon vol quelques minutes auparavant, c’eût été dommage! Il faut dire que j’avais pris un timing un peu juste. Je faisais la queue devant le contrôle, une file presque infinie, il ne me restait que 35 minutes avant le départ… J’observais et je regardais les passagers encore plus attardés que moi, qui sans un regard, court-circuitaient toute la file d’attente, sous l’oeil aigri des autres passagers. Je fais un calcul mental, cela fait 10 Mn que j’avance dans cette chenille géante, un peu comme celle que tu trouves à « Space Mountain » à Disney Paris. Je vais rater mon vol sans nul doute.
Au prochain virage, je me joue les filles de l’air ! Comprendre que je vais subrepticement rejoindre la file des VIP de la business Class. Et hop! cela me donne meilleure conscience que de squizzer gentiment la file du vulgus peccum.

J’ai tout préparé, j’ai sorti mon Laptop du sac, j’ai vidé ma trousse de toilette (Mousse à raser, eau de toilette, dentifrice, shampoing etc…), chaque flacon faisant moins de 100 ML (Vi, ben la dernière fois ils m’avaient confisqué un flacon de… 150 ML et presque vide), le tout dans un sachet transparent.

Plus que 13 Mn !

Je suis passé, ouf!

« C’est à vous? »

« Euh! oui »

« Suivez-moi… »

Là, je suis plus que vert, intérieurement c’est un volcan puissance 10, et je souris à la dame, en me disant, sourire, sourire, sinon tu vas exploser et là, tu vas rester des heures !

C’est mon Laptop qui passe au contrôle des traces d’explosifs !

« Alles clar, you can go »

Moins de 10 Mn maintenant, je n’ai pas récupéré mon sac… Et là, un autre agent de sécurité me fait, vous avez trop d’appareils électroniques! Là, je suis carrément bouche-bée, cela doit se voir sur ma tête, je n’ai rien dans mon sac, si ce n’est la panoplie complète du voyageur avec ses chargeurs en tout genre et les adaptateurs.

L’agent, vérifie et me fait, c’est bon!

Hop! entre temps j’ai relacé mes chaussures, et je file comme un marathonien qui doit faire un 100 mètres.

Porte 20 !!! Il doit y avoir au moins 1 Km de couloir… Et je coure, et je coure, sans réfléchir, juste suivre les indications, porte 2, porte 4, porte 6… Oui, je compte de deux en deux, j’ai l’impression d’aller plus vite, c’est bon pour le moral.
J’ai été flashé par un radar automatique au plafond pour excès de vitesse et comportement dangereux sur la voie publique, j’espère juste que je serai parti avant que les contrôleurs des vidéos de surveillance ne me démasquent.

Porte 16, 18 et 20… Mince c’est vide!
J’ai à la main mon boarding pass (vi, j’ai plus le terme en français, je suis vidé), mon passeport, je les tends à l’hôtesse qui fait aussitôt une annonce sur le Talkie-Walkie, je dois être le dernier et je vais pouvoir partir.

J’ai le souffle dans les godasses, enfin pas tout à fait, j’ai repris ma pratique sportive la semaine dernière, je ne suis pas encore rouillé, mais bon, j’ai quand même la tête d’un marathonien du Dimanche par un soir de Jeudi.

Transfert en Bus, j’entre dans l’avion, il y a un tas de place vide, il y a 35 Mn, quand je m’enregistrais sur la borne 3T, comprendre TouTautomaTique, il ne restait en tout et pour tout que 5 places, il y a des marathoniens qui se sont perdus!

Je m’assieds enfin, et je savoure, les deux places à côté de moi sont libres, je ne sais si c’est le fruit du hasard ou le fait que la sueur de mon marathon ne rebute la compagnie de ma personne!

Envol… Je m’aperçois bizarrement que je ne regarde plus du tout l’envol comme lors des toutes premières fois avec cette légère appréhension en quittant le plancher des vaches. L’homme est un drôle d’animal !

Cela fait deux fois que je tape le texte, blogspirit a dû modifier les règles d’enregistrement, j’ai tout perdu, Grrrrrrrr!!!

J’arrive avec près de 40 minutes de retard sur l’horaire prévu, je n’y suis pour rien et je dois prendre la voiture! un vrai plaisir 🙁 (((

Il est 21h passé, et c’est carrément bouché, comme je ne connais pas Paris, je voyage à l’inspiration en suivant des panneaux hypothétiques dès que je reconnais un nom de monument. Direction Bastille… Je passe devant le plus petit cabaret du monde (le Zèbre je crois bien, enfin, j’sais plus), c’est vraiment l’embouteillage complet.

La radio est calée sur France Inter, je ne connais pas l’émission, la journaliste parle des sans-papiers et réalise son reportage autour des lieux de détention provisoire. Je me sens mal d’être français, vraiment mal… Le père de famille qui s’exprime dans un français impeccable à faire rougir un étudiant d’hypocâgne laisse transparaitre son incompréhension, son émotion encore très vive. Je suis mal…

Ma secrétaire a réservé dans un hôtel que je ne connais pas, seule consigne, près de la gare Montparnasse (Vi, j’ai horreur de prendre la voiture par ici, je pensais voyager en train 🙁 )

Mais de Montparnasse point! Je vois Châtelet, cela m’est plutôt familier, je suis.

Je suis arrivé à 22h30 passé, non sans avoir téléphoné à l’hôtel pour me faire un radio guidage.

Je vais dormir comme un bébé 🙂

Le lendemain, au moment de partir, j’entends un client qui demande s’il peut laisser ses bagages.

Visiblement il est anglais. Le plus surréaliste, c’est l’hôtelière qui lui répond en français.
Il semble parfaitement se comprendre, l’un en anglais, l’autre en français.

« Can I leave my luggage somewhere? » fit-il en montrant sa valise de la main.

Sans hésiter…

« Pas de problème, vous pouvez les laisser ici, juste derrière vous dans l’angle du salon » fit-elle en joignant le geste à la parole.

« And can you book a taxi for me »

« Oui, oui, pas de problème »

Le client quitte le comptoir en même temps que je tends mes clefs.

« Monsieur, monsieur !!! »

L’homme rebrousse chemin et revient sur ses pas.

« A quelle heure voulez-vous le taxi? »

Et l’homme de répondre, toujours en anglais, qu’il ne sait pas à quelle heure il reviendra, mais qu’il voulait juste s’assurer que l’hôtelière pourrait lui commander un taxi sans une attente trop longue…

« Oui, pas de problème »

L’homme s’en va, l’hôtelière a saisi mes clefs en grommelant entre ses dents:

« Mais j’ai rien compris, rien du tout à ce qu’il a dit »

Dans ma magnanimité, j’allais l’éclairer, quand soudain elle a crié telle la belle-mère de Cendrillon à l’attention de la jeune fille qui fait le service, tout droit venue de Lettonie, « Marion, venez de suite, Marionnnnnnnnnnnnnn ».

Comme la jeune femme ne vient pas immédiatement, occupée qu’elle est à faire le service, la relance ne se fait pas attendre, plus acerbe.

Elle arrive en accourant et l’hôtelière de lui faire, sans égard, « mais rattraper donc ce client, il m’a demandé quelque chose et je n’ai rien compris ».

Je règle et je pars. A la réflexion, je me demande comment l’hôtelière et ce client ont pu discuter chacun dans leur langue respective, sans jamais sourciller…

il fait beau, dehors sur les pavés, la jeune Lettone discute en anglais avec le client.
L’impasse était superbe hier soir, je n’avais pas de Nikon Coolpix avec moi pour te dessiner ce joli endroit.

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