Il est des matins soleil.
Certains prennent leur couleur dans les aurores d’été, les longs matins d’été, annonceurs de belles journées chaudes et ensoleillées, échauffant l’esprit d’un optimisme sans faille et titillant la pupille sous le spectacle de peaux dorées. Quand tout va, alors c’est un bonheur démultiplié, quand rien ne va, c’est un petit bonheur à déguster lentement, très lentement, avec bonheur.
Et je fais le yoyo entre deux états quand rien ne va.
Depuis plus de 4 ans, je suis entre le marteau et l’enclume. Le doux son du maréchal-ferrant sortant du feu une barre de soc juste blanc pour la battre d’un geste majestueux et auguste, un cling clang assuré résonne chaque matin, entre objectifs et stratégie, cling clang.
Puis la remettre au feu, tout en surveillant, d’un œil de maître-artisan la couleur et la température, comme-çà, à l’œil. Cling clang entre indicateur et management, avoir l’œil et le bon.
Et je fais le yoyo entre deux couleurs quand rien ne va.
Laisser refroidir, saisir l’instant martensitique, lorsque la veine bleue ondule, imperceptible. Un plongeon dans l’eau, brutal, juste au moment fatal, lorsque le bleu rencontre la pointe, l’artisan réalise le trempage en maître ou figer l’instant du bleu plus durement que le métal lui-même. Le carbone donne des couleurs d’ardoise au métal refroidi. Réussite ? La croissance est au bout.
Et je fais le yoyo entre deux eaux quand rien ne va.
Chausser le soc, repartir de zéro, avec un autre horizon, celui du maître laboureur qui dans cet automne pas encore tout à fait là, doit tracer les sillons qui deviendront féconds. Tracer, humer, regarder, de l’aube au crépuscule, retourner la glèbe, tour après tour, dans un alignement parfait, le labour tranquille garde jalousement les futures promesses des semis. Et le soc tient bon.
Et je fais le yoyo entre l’égaille et les semailles quand rien ne va.
Le trempage était dur, très dur.
Le labourage était long, très long.
Et je fais le yoyo, ce matin il pleut, c’est un matin soleil de premier jour.
Tout change sans que je ne l’aie vraiment vu.
Un premier Octobre, rouge feu, bleu trempé, odeur d’automne.
PS: Professionnellement, un tout petit changement 🙂
Et tu as la chance d’avoir un travail qui te plait, c’est de plus en plus rare…
Oui, parfois, il faut prendre ce qui passe sans se poser de question
…
je t’aime.