Plaisirs minuscules

coprin-cheveluPartir de bon matin
Observer d’un oeil malin
Tout au bord, de biens jolis coprins
Le faire remarquer au dernier des lutins

Sourire

Le soir, sentir l’odeur de l’automne
Se remémorer des souvenirs d’enfance
Et cueillir les fruits au milieu des feuilles mortes
Un bouquet de beaux champignons
Sitôt rentré, les préparer, couper le pied
Les passer sous l’eau fraîche, à peine
Aller chercher dans le jardin une pointe de ciboulette
Faire fondre une motte de beurre
Déposer les champignons dans la poêle
Laisser mijoter à feu doux
Tout doux
Sentir
Retrouver son grand-père dans le chemin du bas
Des baderelles à la main ici
Humer et rêver
Retourner les champignons

Servir

Les lutins se régalent

Et l’enfance en parfum 🙂

Babelesia

J’ai pris la voiture pour cause de départ matinal…

Tu le sais sans doute déjà, mais circuler en voiture en île de France c’est insupportable, l’enfer !
Vu l’heure, je n’en vois rien.

J’ai pris le parking dit à tarif réduit ! C’est pratique avec le CDGVal, mi-metro, mi-tram, tu peux ainsi aller d’un terminal à l’autre en passant par les parkings. Réduit, réduit, j’aimerais bien voir les tarifs des parkings « normaux », il doit falloir carrément une carte American Express triple Gold pour y entrer.

Envol côté soleil levant, le spectacle est toujours aussi beau, le tapis de nuages a un air de banquise, tout plate, immensément blanche et le soleil à l’horizon dessine des couleurs d’aurores boréales que le vocabulaire ne connait pas. C’est beau.

3 jours dans la ville de la finance, un très court passage par Mainz, superbe, je n’ai rien eu le temps de voir, mais je reviendrai pour t’y emmener et prendre le temps.

Retour dans un soleil couchant splendide, c’est le même soleil autour de la même terre, mais les couleurs diffèrent, de ce côté-ci, c’est un brasier immense côté Ouest avec des couleurs d’automne embrasé…

J’avais failli raté mon vol quelques minutes auparavant, c’eût été dommage! Il faut dire que j’avais pris un timing un peu juste. Je faisais la queue devant le contrôle, une file presque infinie, il ne me restait que 35 minutes avant le départ… J’observais et je regardais les passagers encore plus attardés que moi, qui sans un regard, court-circuitaient toute la file d’attente, sous l’oeil aigri des autres passagers. Je fais un calcul mental, cela fait 10 Mn que j’avance dans cette chenille géante, un peu comme celle que tu trouves à « Space Mountain » à Disney Paris. Je vais rater mon vol sans nul doute.
Au prochain virage, je me joue les filles de l’air ! Comprendre que je vais subrepticement rejoindre la file des VIP de la business Class. Et hop! cela me donne meilleure conscience que de squizzer gentiment la file du vulgus peccum.

J’ai tout préparé, j’ai sorti mon Laptop du sac, j’ai vidé ma trousse de toilette (Mousse à raser, eau de toilette, dentifrice, shampoing etc…), chaque flacon faisant moins de 100 ML (Vi, ben la dernière fois ils m’avaient confisqué un flacon de… 150 ML et presque vide), le tout dans un sachet transparent.

Plus que 13 Mn !

Je suis passé, ouf!

« C’est à vous? »

« Euh! oui »

« Suivez-moi… »

Là, je suis plus que vert, intérieurement c’est un volcan puissance 10, et je souris à la dame, en me disant, sourire, sourire, sinon tu vas exploser et là, tu vas rester des heures !

C’est mon Laptop qui passe au contrôle des traces d’explosifs !

« Alles clar, you can go »

Moins de 10 Mn maintenant, je n’ai pas récupéré mon sac… Et là, un autre agent de sécurité me fait, vous avez trop d’appareils électroniques! Là, je suis carrément bouche-bée, cela doit se voir sur ma tête, je n’ai rien dans mon sac, si ce n’est la panoplie complète du voyageur avec ses chargeurs en tout genre et les adaptateurs.

L’agent, vérifie et me fait, c’est bon!

Hop! entre temps j’ai relacé mes chaussures, et je file comme un marathonien qui doit faire un 100 mètres.

Porte 20 !!! Il doit y avoir au moins 1 Km de couloir… Et je coure, et je coure, sans réfléchir, juste suivre les indications, porte 2, porte 4, porte 6… Oui, je compte de deux en deux, j’ai l’impression d’aller plus vite, c’est bon pour le moral.
J’ai été flashé par un radar automatique au plafond pour excès de vitesse et comportement dangereux sur la voie publique, j’espère juste que je serai parti avant que les contrôleurs des vidéos de surveillance ne me démasquent.

Porte 16, 18 et 20… Mince c’est vide!
J’ai à la main mon boarding pass (vi, j’ai plus le terme en français, je suis vidé), mon passeport, je les tends à l’hôtesse qui fait aussitôt une annonce sur le Talkie-Walkie, je dois être le dernier et je vais pouvoir partir.

J’ai le souffle dans les godasses, enfin pas tout à fait, j’ai repris ma pratique sportive la semaine dernière, je ne suis pas encore rouillé, mais bon, j’ai quand même la tête d’un marathonien du Dimanche par un soir de Jeudi.

Transfert en Bus, j’entre dans l’avion, il y a un tas de place vide, il y a 35 Mn, quand je m’enregistrais sur la borne 3T, comprendre TouTautomaTique, il ne restait en tout et pour tout que 5 places, il y a des marathoniens qui se sont perdus!

Je m’assieds enfin, et je savoure, les deux places à côté de moi sont libres, je ne sais si c’est le fruit du hasard ou le fait que la sueur de mon marathon ne rebute la compagnie de ma personne!

Envol… Je m’aperçois bizarrement que je ne regarde plus du tout l’envol comme lors des toutes premières fois avec cette légère appréhension en quittant le plancher des vaches. L’homme est un drôle d’animal !

Cela fait deux fois que je tape le texte, blogspirit a dû modifier les règles d’enregistrement, j’ai tout perdu, Grrrrrrrr!!!

J’arrive avec près de 40 minutes de retard sur l’horaire prévu, je n’y suis pour rien et je dois prendre la voiture! un vrai plaisir 🙁 (((

Il est 21h passé, et c’est carrément bouché, comme je ne connais pas Paris, je voyage à l’inspiration en suivant des panneaux hypothétiques dès que je reconnais un nom de monument. Direction Bastille… Je passe devant le plus petit cabaret du monde (le Zèbre je crois bien, enfin, j’sais plus), c’est vraiment l’embouteillage complet.

La radio est calée sur France Inter, je ne connais pas l’émission, la journaliste parle des sans-papiers et réalise son reportage autour des lieux de détention provisoire. Je me sens mal d’être français, vraiment mal… Le père de famille qui s’exprime dans un français impeccable à faire rougir un étudiant d’hypocâgne laisse transparaitre son incompréhension, son émotion encore très vive. Je suis mal…

Ma secrétaire a réservé dans un hôtel que je ne connais pas, seule consigne, près de la gare Montparnasse (Vi, j’ai horreur de prendre la voiture par ici, je pensais voyager en train 🙁 )

Mais de Montparnasse point! Je vois Châtelet, cela m’est plutôt familier, je suis.

Je suis arrivé à 22h30 passé, non sans avoir téléphoné à l’hôtel pour me faire un radio guidage.

Je vais dormir comme un bébé 🙂

Le lendemain, au moment de partir, j’entends un client qui demande s’il peut laisser ses bagages.

Visiblement il est anglais. Le plus surréaliste, c’est l’hôtelière qui lui répond en français.
Il semble parfaitement se comprendre, l’un en anglais, l’autre en français.

« Can I leave my luggage somewhere? » fit-il en montrant sa valise de la main.

Sans hésiter…

« Pas de problème, vous pouvez les laisser ici, juste derrière vous dans l’angle du salon » fit-elle en joignant le geste à la parole.

« And can you book a taxi for me »

« Oui, oui, pas de problème »

Le client quitte le comptoir en même temps que je tends mes clefs.

« Monsieur, monsieur !!! »

L’homme rebrousse chemin et revient sur ses pas.

« A quelle heure voulez-vous le taxi? »

Et l’homme de répondre, toujours en anglais, qu’il ne sait pas à quelle heure il reviendra, mais qu’il voulait juste s’assurer que l’hôtelière pourrait lui commander un taxi sans une attente trop longue…

« Oui, pas de problème »

L’homme s’en va, l’hôtelière a saisi mes clefs en grommelant entre ses dents:

« Mais j’ai rien compris, rien du tout à ce qu’il a dit »

Dans ma magnanimité, j’allais l’éclairer, quand soudain elle a crié telle la belle-mère de Cendrillon à l’attention de la jeune fille qui fait le service, tout droit venue de Lettonie, « Marion, venez de suite, Marionnnnnnnnnnnnnn ».

Comme la jeune femme ne vient pas immédiatement, occupée qu’elle est à faire le service, la relance ne se fait pas attendre, plus acerbe.

Elle arrive en accourant et l’hôtelière de lui faire, sans égard, « mais rattraper donc ce client, il m’a demandé quelque chose et je n’ai rien compris ».

Je règle et je pars. A la réflexion, je me demande comment l’hôtelière et ce client ont pu discuter chacun dans leur langue respective, sans jamais sourciller…

il fait beau, dehors sur les pavés, la jeune Lettone discute en anglais avec le client.
L’impasse était superbe hier soir, je n’avais pas de Nikon Coolpix avec moi pour te dessiner ce joli endroit.

Automne

Ce matin, je pars tôt.

J’ai même réveillé le chaton qui s’est dressé comme un tigre quand je suis passé par la mezzanine.
Il fait déjà nuit. Depuis hier, l’automne s’est invité.
Dehors aussi, il fait nuit.

Je prends une douche bien chaude, Mmmhmm! Je serai bien resté une éternité de plus. Dans le miroir, une barbe de deux jours me ramène à la réalité.
J’avale un café et deux tartines sans y prêter attention.

Je me suis pris une chemisette estivale, avec des tons bleus, et une cravate aussi, toute bleue :). C’est comme une coquetterie pour garder l’été au creux, ou peut-être aussi, sans se l’avouer vraiment, pour garder un petit bout de romance inavouée.

Le chaton est maintenant très réveillé et s’est invité dans mon sac. Je le chasse gentiment. Il part comme une furie en chasse et revient quelque temps plus tard avec dans la gueule une souris toute bleue. Non, ce n’est pas un rêve, si çà continue, il va réveiller toute la maisonnée avec ce petit grelot qui tintinnabule à chaque mouvement d’espièglerie que le chaton inflige à son trophée.
Je pars, dehors pas un souffle, tout le monde dort encore. Je retiens le mien et sors à pas de velours pour ne réveiller personne.

La nuit est là.

Dans la rue, comme un courant d’air de sorcière, un brin de vent inattendu, genre musique intense dans un western quand rien ne se passe, juste avant le tourbillon d’activité.

Je suis presque porté, le vent caresse mes cheveux, c’est doux, très doux.

Dix minutes plus tard, je tourne la clé de la voiture de service. La radio se cale sur Skyrock.
Tiens, je ne savais pas que l’on pouvait capter SkyRock par ici.
Départ.

Le ton de la radio est ostensiblement branché, comprendre, rien à dire, l’inanité à l’état pur, juste un flot de parole au vocabulaire étriqué pour accompagner un réveil sans douleur. C’est un effet de mode, tout doit se faire désormais sans effort ni douleur, dans la facilité. Je ne change pas de station et me laisse porter négligemment par les ondes.
J’assiste à un réveil humain en direct. La gratuité du délire pour vous faire rire ou sourire dès l’aube. J’avoue avoir un peu de mal. Tous les protagonistes interpellés au téléphone ont raccroché devant d’ineptiques propos matinaux. C’est le mode « morning live » comme il se doit d’être fait à cette heure-ci de la journée sur ces radios impertinentes qui sont nées dans mes années 80 🙂 ))). L’impertinence a vécu, c’est désormais un mode tout à fait morne.
Une chanson rap est lancée dans la foulée. D’habitude, j’ai mille difficultés à saisir les paroles d’une chanson, mais là, est-ce l’absence de musicalité, est-ce la teneur du message, je comprends presque tout! A ma grande stupéfaction, l’objectif est sans doute de heurter la sensibilité, quoique… je ne sache que penser vraiment devant tant de dénigrement de la position du sexe dit faible, affublé du sobriquet de thon. L’animateur ne tarit pas d’éloges, je suis sans voix devant le ton.

Un rire sarcastique d’une demi-seconde à reconnaître sur les ondes. Je crois avoir reconnu la voix de l’acteur du film d’hier soir sur la 2, « Tout pour plaire » que Télérama avait classé dans la catégorie « Rien pour plaire », passer sur une autre chaîne !

Pourtant les dialogues étaient truculents, et bien servis par Mathilde Seignier (Orthographe ???). Alors si Télérama écoute ce matin les ondes…

Perdu! C’était Chabal, le joueur de rugby à la tignasse sauvage (vi, je précise pour les ceusses qui n’auraient pas encore l’esprit ovale). Quelques blagues un peu potaches autour du personnage, et j’arrive dans la ville, le ciel s’éclaire dans un halo gris foncé. Presque un lever de soleil, sauf que c’est encore la nuit dans l’aube, les lumières de la ville réchauffent la planète et la luminosité d’en haut.

Le TGV est bondé, la rentrée est bien là!

Quelques 300Km/h plus tard j’ai rattrapé le soleil levant. Dans la brume du matin et les nuages un peu hauts, le spectacle est toujours aussi beau, très, très beau.

Le soleil est tout rond comme une horloge. Il a des couleurs jaunes orangées, et les nuages tout autour se sont embrasés. Entre les braises d’un feu de camp rougeoyant et une coulée de lave volcanique. Je n’ai pas sous la main un Nikon Coolpix P5000 pour te prendre une photo, ferme les yeux et imagine.

Imagine, je ne peux plus soutenir la ligne d’horizon, le brasier est trop intense. Sur mon écran, mille lumières papillonnent. La ventilation s’est mise en route pour refroidir timidement le cœur du foyer. Quelques éoliennes découpent leur bras dégingandés et impuissants dans un rythme imperturbable.

Le soleil monte dans le ciel inexorablement, le train tente de le rattraper, il se précipite dans la gueule du loup, je suis inquiet, l’horizon est devenu complètement jaune rosé, nous allons fondre.
Dans la voiture, tout le monde dort, je suis le seul dans la réalité du moment.

Je prendrai bien un café noir avant de fondre complètement.

Yoyo d’automne ou un matin soleil

Il est des matins soleil.

Certains prennent leur couleur dans les aurores d’été, les longs matins d’été, annonceurs de belles journées chaudes et ensoleillées, échauffant l’esprit d’un optimisme sans faille et titillant la pupille sous le spectacle de peaux dorées. Quand tout va, alors c’est un bonheur démultiplié, quand rien ne va, c’est un petit bonheur à déguster lentement, très lentement, avec bonheur.

Et je fais le yoyo entre deux états quand rien ne va.

Depuis plus de 4 ans, je suis entre le marteau et l’enclume. Le doux son du maréchal-ferrant sortant du feu une barre de soc juste blanc pour la battre d’un geste majestueux et auguste, un cling clang assuré résonne chaque matin, entre objectifs et stratégie, cling clang.
Puis la remettre au feu, tout en surveillant, d’un œil de maître-artisan la couleur et la température, comme-çà, à l’œil. Cling clang entre indicateur et management, avoir l’œil et le bon.

Et je fais le yoyo entre deux couleurs quand rien ne va.

Laisser refroidir, saisir l’instant martensitique, lorsque la veine bleue ondule, imperceptible. Un plongeon dans l’eau, brutal, juste au moment fatal, lorsque le bleu rencontre la pointe, l’artisan réalise le trempage en maître ou figer l’instant du bleu plus durement que le métal lui-même. Le carbone donne des couleurs d’ardoise au métal refroidi. Réussite ? La croissance est au bout.

Et je fais le yoyo entre deux eaux quand rien ne va.

Chausser le soc, repartir de zéro, avec un autre horizon, celui du maître laboureur qui dans cet automne pas encore tout à fait là, doit tracer les sillons qui deviendront féconds. Tracer, humer, regarder, de l’aube au crépuscule, retourner la glèbe, tour après tour, dans un alignement parfait, le labour tranquille garde jalousement les futures promesses des semis. Et le soc tient bon.

Et je fais le yoyo entre l’égaille et les semailles quand rien ne va.

Le trempage était dur, très dur.
Le labourage était long, très long.

Et je fais le yoyo, ce matin il pleut, c’est un matin soleil de premier jour.
Tout change sans que je ne l’aie vraiment vu.

Un premier Octobre, rouge feu, bleu trempé, odeur d’automne.

PS: Professionnellement, un tout petit changement 🙂