Autour d’une table

Je ne sais pas comment la conversation est arrivée sur ce sujet.
En pratique, c’est assez rare de glisser sur le terrain des discussions politiques.

Les JO… La visite des grands du monde à Pékin…des petits aussi.

Mais vous vous rendez compte, il est complètement nul !

Il n’a pas pu aligner trois phrases compréhensibles, rien d’intelligible, rien, même le journaliste de CNN était décontenancé!

Vivement l’automne prochain après les conventions avec l’élection du nouveau président.

Quoique, y a son cousin dans la course, c’est guère mieux, vraiment guère mieux, presque un clône.
Et l’anglais de commenter, ah! oui, mais c’est dans les frites qu’il bosse, non!

C’était un extrait [un américain de passage au mois d’août]

PS: Euh! tu disais, le nôtre…

Sambos

Cette nuit, j’ai mangé des Nems délicieux avec gourmandise, juste avec les doigts.
Quand les nuits sont gourmandes, c’est que l’esprit voyage sur les mers.
Ce matin, je me réveille quand tu dors.
Le coq s’en est aperçu, il chante en boucle, quelqu’un a du bloquer la touche « replay ».
L’effet est inattendu, tout le monde dort, sauf mon estomac qui gargouille.
En ce mois d’Août, le ciel est gris pâle, dans quelque temps je prends la route pour quelque désert improbable, la mer sera là.
Les pigeons se sont joints au concert matinal, et le soleil vient de faire une apparition inopinée.
J’ai froid au pied et le café fume.
J’ai une barbichette de 3 jours, hum! caresse de chat sur ta peau.
Erick traine à côté de moi sur le canapé, je viens de prendre un bateau.
Au jeu de la barbichette, je perds souvent mais je suis bon perdant.
J’ai pris un chargeur.
Je te regarde dormir, les draps autour de toi comme un Sambo, un doux pliage.

Faim.

Hors temps

Sous le globe chutent les flocons.

Devant les yeux de ma mémoire, sur le bureau de Mademoiselle, mon institutrice jusqu’à la classe des grands de Monsieur Servant, se matérialise la petite boule de verre. Lorsque nous avions été méritants, nous avions le droit de la retourner et de la tenir au creux de la main jusqu’à la chute du dernier flocon au pied de la tour Eiffel chromée. Je n’avais pas sept ans que je savais déjà que la lente mélopée des petites particules ouatées préfigure ce que ressent le cœur pendant une grande joie. La durée se ralentit et se dilate, le ballet s’éternise dans l’absence de heurts et lorsque le dernier flocon se pose, nous savons que nous avons vécu ce hors-temps qui est la marque des grandes illuminations. Enfant, souvent, je me demandais s’il me serait donné de vivre de pareils instants et de me tenir au cœur du lent et majestueux ballet des flocons, enfin arrachés à la morne frénésie du temps.

Est-ce cela se sentir nue ? Tous vêtements ôtés du corps, l’esprit reste pourtant encombré de parures. Mais l’invitation de M. Ozu avait provoqué en moi le sentiment de cette nudité totale qui est celle de l’âme seule et qui, nimbée de flocons, faisait à présent à mon coeur comme une brûlure délicieuse.

Je le regarde.
Et je me jette dans l’eau noire, profonde, glacée et exquise du hors-temps.

Extrait: « L’élégance du hérisson » de Muriel Barbery

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