Du 21ème siècle

Alors que je lui faisais remarquer que c’était la première semaine de rentrée et qu’il fallait reprendre un rythme plus régulier, notamment pour l’heure du coucher… Je suis resté scotché par sa remarque:

Eh! Papa, on est plus au VINGTIEME siècle !!!

Vi, vous avez bien lu… 20ème siècle…

Je suis resté sans voix, j’avais bien remarqué que dans notre société tout allait plus vite, mais là…

Tout à l’envers

Hier, évaluation de mathématiques…

Mesure à la règle puis calcul de distance !

Parfait, j’ai fini 🙂 6 cm 🙂

Sourire

Un oeil sur le cahier du voisin… Mince 9 cm !!!

Vérification dans l’urgence.

Grand affolement, j’avais pris le double décimètre… à l’envers.

Si, c’est vrai.

6 cm au lieu de 9 cm, tout le calcul qui en découle faux !

LE prof qui dit « je ramasse les copies, c’est fini posez vos stylos! »

Je crois que j’ai pas eu le temps de tout reprendre l’exercice pour le corriger:(

çà commence pas fort en math!

C’était le dernier lutin, dans la semaine de rentrée.

 

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Aqueduc

C’est un magnifique aqueduc romain qui file à travers la plaine.

Il est dans un état de conservation plus que surprenant, quasi intact. Sa couleur surprend aussi, grise uniforme, comme si quelqu’un ou les ans l’avait patiné en gris.

Il file comme un fil tendu dans la plaine, à mon avis, il doit joindre Orléans à Paris à moins que ce ne soit l’inverse. Oui, ce doit être l’inverse car on dit monter à Paris, si çà monte vers Paris, c’est que l’eau descend. Ce qui me surprend, dans l’architecture, c’est d’une part sa hauteur, j’avais à l’esprit des édifices romains pas très hauts pour les aqueducs, à mon avis, le Caïus Bonus d’ici avait de grandes idées, ah! Et puis aussi, la distance entre pilier, particulièrement importante.

Le train m’emmène, et l’aqueduc dessine sur la plaine avec l’horizon comme le bas d’un feston de rideau ajouré, ou le haut, et toujours en gris.

Ici, l’aqueduc se transforme en bannière publicitaire. Incroyable, des inscriptions au kilomètre sur des kilomètres!

Du « Libérer José Bové » en passant par « Non au nucléaire, oui à l’énergie propre», « Stopper les délocalisations de notre usine LaBelleCampagne » Dans l’ensemble, c’est surtout le « non » qui l’emporte… « Non à la construction d’une prison dans MaBelleVille » etc…

Parfois, une inscription qui tranche avec les revendications, « Je t’aime, oui », ou encore « j’aime la vie en bleu ». Toutes ces inscriptions à la peinture blanche, dans une écriture très stéréotypée en caractères majuscules d’imprimerie, défilent, défilent. Depuis mon wagon, c’est un peu comme une guirlande de publicité, celle que l’on voit dans les matchs à la télévision lors de la retransmission des matchs de foot, une sorte de ruban ininterrompu, mais en monochrome blanc sur gris, infini.

« Non aux cultures OGM »… Je vais pas te faire toute la lecture, c’est sans fin. Une dernière! « Sarko, roi du show, tout pour le biz, rien pour toi » Quelques tags, mais peu, l’ouvrage tisse sa mémoire un peu trop loin des villes.

Mais !!!

C’est fou. L’aqueduc a été brisé net, en pleine campagne. Tu devineras jamais! Brisé net sur une centaine de mètres, comme un coup d’arrêt à la hache. Non, ce n’est pas le vestige d’un bombardement égaré de la dernière guerre, c’est uniquement pour laisser passer une autoroute. Un ouvrage plus que millénaire détruit… pour un ouvrage quelconque… Ils ont osé.

Autour de l’ouvrage, les premiers labours, la plaine toujours.

« Bertin quel gâchis ! »

Je lis distraitement.

Blanc délavé toujours sur un gris uniforme.

C’était le rail en béton de l’aérotrain de Bertin, l’ingénieur obstiné ayant conçu un train sur coussin d’air.

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Crédit photo : KosmoGraddotNet

Les petits papiers

Ce matin, je pars tôt.

La tribu dort.

Je déjeune rapidement, j’avale mon café au lait ou plutôt mon lait au café. Un bol de lait avec un nuage de café. Il fait déjà nuit et pas un bruit. Le micro-onde sonne comme la sirène des pompiers, je suis sûr que même les écureuils sont réveillés. Je regarde alentour, non pas un mouvement, rien ne bouge. Rien.

La tribu dort.

Comme souvent, je mets les bols sur la table avant de partir. Un deux trois…

Et puis aussi, je griffonne un petit papier à chacun que je dépose au fond de chaque bol. Un papier qui se serait décroché d’un arbre pour se laisser porter jusque dans la cuisine.

C’est la rentrée, enfin, c’était il y a deux jours. Je mets un mot pour le lutin dernier, lui dire qu’elle est formidable, « tu es trop géniale » ai-je conclu avec des bisous, un autre pour le lutin d’ado, lui dire qu’elle est formidable, « tu es très forte » ai-je conclu avec d’autres bisous.

Et ce matin, sur le dernier papier, mon stylo s’est arrêté, il n’y avait plus d’encre, ce n’était pas le manque d’inspiration, non, c’était l’absence de faux-semblant.

Le soleil se lève dans une légère brume sur la plaine, doucement, doucement. Hier soir, sur mon chemin, un arc-en-ciel m’a accompagné dans un sourire.

 

PS: le nouveau décor du blog

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