On ne juge pas un homme sur le nombre de fois qu’il tombe,
mais sur le nombre de fois qu’il se relève.
Jigoro Kano
Lu ce soir, dans le gratuit parisien du soir, juste avant de partir. >>>> Directsoir 5/12
On ne juge pas un homme sur le nombre de fois qu’il tombe,
mais sur le nombre de fois qu’il se relève.
Jigoro Kano
Lu ce soir, dans le gratuit parisien du soir, juste avant de partir. >>>> Directsoir 5/12
Ce matin la nuit fut courte.
Des bruits de partout, une armée au dehors qui s’active comme une armée napoléonienne, disciplinée et persévérante.
Soudain, le front capitule, c’est la guerre de rue dans la capitale, des mouvements isolés de francs-tireurs, genre « snipper ».
Des déplacements rapides et félins…
Ne plus savoir où se trouve l’ennemi.
Oui mais il est encore là, tapie dans un recoin, attendant son heure pour se faire oublié.
L’oeil de feu, balayant d’un geste rageur le sol du bout de la queue, l’oreille alignée sur le regard volcanique, bientôt tout brûlera.
Je passe le portique…
Et l’alarme se déclenche!
Maaaaaaaaa!!! Mais j’étais presque tout nu, sans chaussures, sans ceinture, sans veste.
Et çà sonne.
C’est fou, de l’autre côté du Rhin, ils sont d’une sensibilité, dingue.
La dame en bleue m’indique une cabine sur le côté, exécution. Je m’approche de l’homme avec un détecteur style compteur Geiger.
Vi, j’ai eu droit à un homme, la dame avant moi est avec une dame, style compteur Geiger, tout pareil.
En fait, j’ai quand même la doucee impression que toute cette débauche de contrôle hyper sensible est très, très orienté. C’est pas du tout hétéro heing! D’ailleurs, je soupçonne celui qui me suit d’avoir gardé tout exprès des pièces de monnaies dans ses poches histoire de déclencher l’alarme du portique.
L’homme jeune et dynamique, agile même, y va de sa palette à détecter les Becquerels en même temps qu’il me palpe sans pudeur aucune. D’accord il est ganté, mais bon, il me touche quand même, sans gêne apparente.
çà sonne sans arrêt ce truc, tu crois que je suis passé dans une zone trop proche de Tchernobyl, heing! J’ai dû être contaminé, c’est pas possible. Ma chemise sonne, mon pantalon sonne.
Maaaaaaaaa! mais il palpe mes poches l’effronté.
Euh!!!!
Il a découvert quelque chose, çà se voit à sa tête.
Sans un mot, je comprends à demi-mot qu’il faut que je retire les objets de ma poche pour le lui montrer.
Ben, c’est à dire… que…
Non, ce ne sont pas des substances hallucinogènes, nan, rien de tout çà!
C’est un galet, tout petit, poli par le temps, pas un gris-gris, nan, nan, nan, c’est un galet en forme de petit coeur qui me suit partout.
il est tout doux, mais doux, doux et aussi, tout chaud, un capteur de bonheur.
L’homme Geiger me regarde, un moment interdit, puis sourit.
Je remets mon capteur de bonheur dans la poche, un sourire tout au creux.
Très sensible, très…
C’est le nouveau prof de math !
Il doit juste sortir de son Capes, il est si jeune.
M. Novembre qu’il s’appelle, comme le mois du même nom, sauf que c’est le prof de math de ma fille.
Elle m’avait bien dit que le prof était bizarre, qu’il fallait signer un règlement intérieur de classe, qu’il lui fallait tout le matériel pour le vendredi, qu’il fallait 5 feuilles de papier millimétriques, qu’il fallait 5 copies préparées avec en-tête pour les contrôles à venir, qu’il fallait se taire en classe, que sitôt franchi le seuil de la classe, plus un mot, même pour dire bonjour, qu’il fallait 5 feuilles blanches, qu’il fallait une calculatrice « collège » avec plus de 4 touches, qu’il fallait une équerre, qu’il fallait être à l’heure, qu’il ne fallait pas oublier son cahier…
Bref, l’inventaire avait carrément effrayé ma collégienne déjà complètement affolée par l’idée de suivre un cours de math, terrorisée même.
Maaaaaa!!!
Il nous a fait un numéro disciplinaire pour la gestion de sa classe, j’en ai eu froid dans le dos. Il a passé un quart d’heure à expliquer sa méthode de tenue de classe, sans jamais parler ni du programme, ni de sa façon d’appréhender la transmission de connaissance, rien!!! Uniquement les méthodes coercitives pour exercer ses cours dans un silence de mort. D’ailleurs, le malaise s’est ressenti jusque dans l’assemblée des parents… Un taux de présence de 75% pour une réunion de rentrée… dans un collège public de province très tranquille, d’autres écriraient que le transport scolaire se fait en tracteur, c’est dire!
Surréaliste, je ne me souviens pas avoir eu de telles méthodes dans mon cursus scolaire, pourtant déjà fort lointain, vi, c’était au siècle dernier, au vingtième siècle quand même!
Le prof de français vient de sortir de la classe, il ne pouvait plus retenir un fou rire devant le spectacle de parents ahuris regardant avec des yeux ronds un personnage avec une barbichette débitant tel un métronome sa logique de conduite de classe particulièrement mathématique.
Comme il restait complètement inaccessible dans sa bulle, j’ai fini par l’interpeller à la fin de son intervention pour lui demander s’il faisait des maths dans son cours.
La question l’a un peu surpris.
Monsieur, cela fait dix ans que j’enseigne et je connais bien mon métier. J’ai une expérience de plus de 10 ans de ZEP en région parisienne, alors vous comprenez…
J’ai ajouté en guise de conclusion, qu’en tant que parents, nous jugerions son travail à la qualité des apprentissages et nullement à la discipline de sa classe.
PS: Le principal est ensuite passé pour atténuer le premier effet kisscool de son poulain en expliquant avec moult précaution, que vous comprenez, avec son expérience en Zep, il a des méthodes de tenue de classe un peu autoritaires et péremptoires.