Je suis arrivé ce matin à 5h10.
Sitôt sur le tarmac, la chaleur et la moiteur m’ont figé comme une statue hors du temps. Le bus navette se faisait attendre.
Le tapis à bagage roule déjà, une peu comme une horloge, inexorablement, indéfiniment, comme s’il ne s’était jamais arrêté, avec un cliquetis régulier, tic, tac, tic, tac!
Les premières valises sont sur le tapis, quand dans nos aéroports il faut attendre des heures! Je crois voir ma valise, je m’approche. Je ne la reconnais finalement pas.
Ce doit être l’effet « jetlag » ou le manque de sommeil avec cette fichue escale durant la nuit.
Un regard sur la valise qui s’éloigne et d’un flash, je reconnais cette fois mon bagage qui s’enfuie, comme une feuille morte dans le lit de la rivière, vers je ne sais quelle destination, sans un regard.
Je me précipite, vif comme une trotteuse, pour contourner la foule qui se presse autour du tapis. Je me fraye un passage une bonne dizaine de mètres plus loin, et dans un regard:
« Stay zen, Sir, zen, you’ve so many time ! »
Je viens de prendre un uppercut dans le foie, et je reste Ko debout, une seconde, une minute, une éternité; ma tête sonne les douze coups de minuit!
J’attrape quand même ma valise, comme au ralenti, dans un geste décomposé et je m’éloigne, d’un pas lent, au rythme d’une petite aiguille.
Je viens de poser le pied sur un autre continent et j’ai le temps.
Prendre le temps.
Tu es où ?…
stay zen Sir…
stay zen.