Blue cotton

bluecoton

 

Coton!

Je ne sais pas si vous avez senti comme moi, mais l’arrière saison n’en finit pas de finir.

Les météorologues les plus avertis ne cessent de répéter que cet épisode climatique a déjà eu lieu par le passé!!!
J’ai beau avoir une mémoire sélective et défaillante comme tout un chacun, n’empêche! je me souviens parfaitement que jamais l’arrière saison n’avait duré aussi longtemps et d’aussi belle façon, n’en déplaise aux météorologues de tout poil.
Tu te rends compte, j’ai encore pris mon café en terrasse hier midi!
Noir le café et sans sucre, t’en prends un aussi?
Mais faut me dire, alors pour toi, c’est noir et sans sucre aussi?
L’arrière saison a un goût d’été indien, c’est trop beau.
Chaque matin quand je pars bosser (vi vi vi, j’ai ce privilège de provincial de pouvoir aller bosser à pied, et chaque matin, je respire et je souris…), quand je pars bosser, je passe inévitablement devant le coq.
Ah! oui Madame, le coq! Mais pas n’importe quel coq, c’est le coq du clocher. D’ailleurs c’est pour çà que l’on appele un clocher « clocher », pas du tout pour la cloche qui est dedans (parfois, plusieurs…). Non, le clocher tient son origine éthymologique du mot coq, les poules sont au poulailler et les coqs sont perchés sur les clochers.
Maaaaaaa! tu racontes n’importe koi!
Que nenni! Ne dit-on pas sauter à cloche-pied!
Ah! alors, kesketudis, kesketu ajoutes à cela?
A cloche pied parce que le coq saute lui même à cloche-pied, quand du haut de de son perchoir, il soulève une patte, histoire de se reposer un peu (ben, oui, la seconde est en pause), et hop! il décide de se dégourdir, et il saute à cloche-pied (au début çà faisait à « coq-patte », mais comme il y avait déjà une expression fort connue et antérieure, « se sentir comme coq en pâte », la confusion était trop fréquente, quelqu’un a dit çà cloche.
Du coup de coq-patte, l’expression est devenue « cloche-pied ».
Je ne vais pas te détailler toutes les expressions dérivées du mot coq:
Cloche merle (une expression vosgienne pour un village où sévissent des corbeaux, au début, tout cela parlait du coq, mais mêler un si fier animal à de telles bassesses, ce n’était pas possible. L’expression populaire aurait débuté par une contrée dite de « merde de coq », mais la sagesse populaire qui avait instauré le clocher pour percher ses coqs avait rebaptisé tout cela en « cloche merle »).
Se taper la cloche (une expression venue tout droit de Bourgogne pour un bon coq au vin).
Clopin-clopant (une autre expression venue de coquin-croquant, Vi, celaa avait été jugée par le clergé un peu trop suggestif).
Coquin, Ah! le joli mot n’est-ce pas! Se dit d’un coq particulièrement féromoné, celui qui coursent dans la basse-cour toutes les poules de sa cour, d’où l’expression, faire la cour, le coq coquin qui fait le tour de cour pour sauter toutes les poules, sauter, une expression au propre comme au figuré, d’où l’expression « sauter » pour un coït animal, de là… D’ailleurs le mot « coït » lui-même est une contraction d’une expression de basse-cour, le « coq jouit », mais de siècle en siècle l’expression s’est contractée… coït!
Maaaa! mais tu sautes du coq à l’âne!

Que nenni! juste entendre un autre son de cloche!

Tous les matins, je déambule dans la rue, et inévitablement, si je m’arrête au N°3 de la rue, pour saluer pour ne rien dire le papi accoudé devant sa porte, il me parlera du coq!
« Il va faire beau, il est bien orienté ce matin » (Vi, sans le dire, nous sommes devenus intimes, il ne précise plus qu’il parle du coq, quand il me clame, « il est bien orienté »:
il faut comprendre que le coq girouette perché tout en haut du clocher, là au bord de l’horizon, que le coq girouette regarde le Sud, ou alors?, je ne sais pas, suis pas météorologue ni expert en coq de clocher, mais il me traduit en langage familier chaque matin les couleurs du temps.
Ce matin, je ne me suis pas arrêté, le temps était beau, si beau, je n’avais pas besoin de traducteur!
Alors j’ai regardé loin, le regard tiré vers le haut, le soleil caressait des nuages de coton, là, comme suspendus en guirlande.

Il fait beau, le ciel est bleu, couleur coton, la journée sera belle.
Et ce matin, il fait frais…

bleucoq

Baderelle

baderelle

Dimanche dernier, en balade dans un lieu très proche mais encore inexploré.

Et là au détour de l’étang, un chemin, plutôt un sentier, curieux, je m’y engage et là, de l’autre côté de la palissade très ordonnée, rangée, en piquet de châtaignier et ronce artificielle (vi, du barbelé), à deux pas, quelques lépiotes.

J’en crois pas mes yeux, je ne suis pas un mycologue averti, et je connais très très peu de champignons, en fait, je dois connaitre les rosées et … les lépiotes.

Je me souviens très bien de mon grand-père revenant dans le chemin du bas, avec d’une main son bâton de marche de l’autre, en bouquet, 4 à 5 champignons géants, et il m’avait fait:
« regarde, on va se régaler ce soir, ce sont des baderelles ».
« Ah! bon, tu les a cueilli où? »
« Ah! Çà ! Je te dis pas, les coins de champignon, çà se garde secret ».

En fait de secret, il n’y avait que les mots car je l’avais bien vu venir du coin du champdelair, près de la haie ;).

Le soir, il avait fait revenir la baderelle dans une poêle avec du beurre, du vrai steak disait-il!

Voilà pourquoi, ce dimanche, à peine dix ans dans la tête, je me suis glissé prestement sous le barbelé, pour cueillir quelques lépiotes…
Hep! Je vous dirais pas c’était où, les champignons c’est secrets 😛

Mais ce que je peux vous dire c’est que les baderelles c’est le vrai nom des lépiotes!!!

En rentrant, il a fallu convaincre la tribu que les champignons étaient tout ce qu’il y a de plus comestibles, voire goûteux…
Las, malgré la démonstration via internet interposé, google et tout et tout, c’était pas gagné!

Alors, un dimanche, (tu ne vas pas me croire) je suis allé à la pharmacie, la pharmacienne servait un client (un patient, j’sais pas trop ce qui convient dans ce cas là), elle n’a pas pu faire autrement que de déverrouiller la porte du sas.
Quand vient mon tour, elle me fait, c’est pour les champignons, vous savez, un dimanche, c’est plutôt pour les cas d’urgence.
Je me suis pensé intérieurement, du haut de mes dix ans, mais c’est urgent, les champignons demain, ils seront fichus. Tu ne le sais peut-être pas, mais un champignon cueilli se mange le jour même, sinon il devient ramollo de partout, change de couleur, enfin, bref, devient carrément impropre à la consommation.

Et puis, si jamais tu les analyses pas mes champis et que demain nous faisons la « une » du journal, tu verras si c’est pas une « urgence ».

Des petites lépiotes a-t-elle diagnostiqué du haut des ses 27 automnes!!!

Pffffffffffff! elle ne connaît pas les baderelles, mais je suis trop petit pour lui expliquer.

Allez, vous pouvez tout manger et vous régaler!

Voilà, comment la tribu a dégusté avec circonspection les premières baderelles, poêlées au beurre…

PS: http://mycorance.free.fr çà peut t’aider si ta pharmacienne ne t’ouvre pas un dimanche…