Fin de soirée

Tôt le matin
L’aube n’est pas encore levée.
Dehors il fait mi nuit, mi jour.
Le TGV roule au ralenti, il n’est pas encore chaud.
Sur la banquette, la seule de toute la rame, un habitué s’est déchaussé.
Un habitué en chaussettes s’est allongé pour finir sa nuit emballé dans un manteau trop grand pour la saison.
A côté de moi, un jeune hacker pianote quelques lignes de code sur son PC, emballé lui aussi, avec un ruban jaune fluo « Police line, do not cross the line ».
Je suis plongé dans mes courriels que la carte 3G veut bien distiller.
Dehors, le ciel est rose.

Première gare, quelques voyageurs à peine éveillés rejoignent la voiture.
L’un d’entre eux accroche mon regard.
Il porte des chaussures vernis noires, un costume 3 pièces rayé, un peu comme un parrain sicilien.
La première surprise, c’est que l’homme n’a conservé que deux pièces de son costume! nan! Il a gardé son pantalon mais c’est la veste qu’il ne porte pas, il est entré comme çà, en bras de chemise.
Pourtant le fond de l’air est frais, il a dû sortir un peu rapidement d’un cabaret au bout de la nuit et oublier sa veste.
Ou alors c’est une personnalité illustre du show biz qui sort de scène dans son costume qui monte vers la capitale.
Immanquable!
Il laisse dans son sillage un effluve digne des meilleures pubs pour l’eau de toilette « axe ».
Je regarde vers le fond de la voiture, mais non, je ne vois aucune gent féminine.
Il porte le vêtement près du corps.
ll porte aussi des lunettes immenses, noires avec des branches larges et rayées comme son costume 3 pièces qui n’en a que 2. En fait c’est un homme distingué voire raffiné, il a assorti ses lunettes à son costume et c’est la troisième pièce.
Il porte le cheveu « geai », gominé avec du « Pento ».
Des pattes fines, un peu comme une célèbre virgule, lui caressent le visage.
Un profil à la ‘Henri-Jean Servat ».
L’homme regarde nulle part.
L’homme est vraiment très raffiné, je viens de m’apercevoir qu’il porte une chemise unie assortie au ciel du dehors. Sa chemise est rose pâle comme le ciel !
Rose et noir.
Terminus, tout le monde descend, je le suis du coin de l’œil. L’homme sort, sans bagages, juste un énorme sac à main noir sous le bras. Et non, il sort en bras de chemise; d’un bon pas.

Un peu plus loin sur le quai, il croise un autre voyageur avec une gueule d’aventurier genre « Harison Ford », ils s’embrassent comme font les stars sur les plateaux de télévision.
Une star, c’est sûr.

 

Station MIR

Aujourd’hui j’ai fait un voyage intersidéral !

J’ai dû enlever mes chaussures, mes lunettes pour monter dans le vaisseau spatial ! Même ma ceinture.
Ce n’est pas pour des motifs sécuritaires comme à l’aéroport, que nenni! C’est uniquement pour ne pas se prendre les G au décollage, mais pas les « G » de la gravité, non c’est le champ magnétique qui monte à plus de 10 000 Tesla. Alors, imagine, en fait j’en sais rien, mais a priroi çà représente une telle force, que la moindre pièce métallique se trouve arrachée par le champ magnétique nécessaire pour soustraire le vaisseau à l’attraction terrestre.
Je dois passer avant d’accéder au vaisseau intersidéral par le labo qui va me poser un cathéter pour que je puisse recevoir la nourriture par intraveineuse. En effet le voyage est tellement long que je devrai m’alimenter grâce à ce dispositif automatisé qui se substitue de manière très minimaliste aux nourritures terrestres. Mais il faut se rendre à l’évidence, le vaisseau est optimisé, enfin çà dépend pour qui !
Je vais donc recevoir pendant le voyage une dose trihebdomadaire avec en même temps dans l’alicament, un produit récemment mis au point pour les voyages en années lumière destiné à suspendre le temps, « l’intemporalis ».

C’est une sorte d’infirmière qui me posera le cathéter, en m’expliquant que le voyage serait très sonore avec un bruit de marteau-piqueur continu.
C’est gentil de me prévenir au dernier moment !
La pseudo-infirmière s’apprête à me poser le cathéter au bras gauche, elle me dit, « inspirer ». Et hop!
L’aiguille est posée.
Il va falloir faire un essai sur l’autre bras, le débit est insuffisant pour le voyage. Je lui fais, c’est le dernier, je n’en ai que deux!

Ensuite, je suis pris en charge par deux créatures aseptisées, de blanc vêtues de la tête au pied. Il s’agit de passer dans le sas du vaisseau.
Je dois m’allonger puis je me vois poser d’autorité des protections auditives absolument nécessaire tant le bruit au décollage sera violent, puis vient la pose du casque de protection.
Les deux créatures me demande si tout va bien et suggère de me détendre.
Pour tout dire, je ne suis pas vraiment détendu. Je suis introduit dans le vaisseau à l’horizontale. Il n’y a aucune luminosité. Tous les hublots sont fermés par des protections pour ne pas éclater au décollage.
C’est parti.
J’entends les 3 coups. toc toc toc, comme un bruit rythmique d’un triangle, cela ferai plutôt cling; cling, cling!

La pseudo-infirmière avait raison le décollage est infernal et me noie dans un bruit de ferraille et de marteau piqueur. Malgré le casque et les boules Quies, le bruit est assourdissant.
Puis, après le décollage, les lumières se sont réveillées et le bruit du marteau-piqueur a cessé. C’est désormais un bruit plus aquatique. Je ne vois rien par le hublot, mais cela ressemble à un cliquetis sur le Nautilus. Des sonorités presque suaves mais toujours métalliques, un peu comme quand tu voyages en immersion avec des bouteilles de plongée et qu’il y a des chocs avec l’aplomb que tu découvres. Combien de temps cela dure-t-il?
Maintenant, c’est un bruit d’immense ventilateur, comme si le vaisseau spatial circulait dans une gaine d’aération. La vitesse semble s’accélérer encore.
Vertigo!!!
Puis silence !
Inquiétant…
Oui, c’est maintenant une salve de Kalachnikov que nous devons essuyer. Nous sommes probablement attaqués par quelque population extraterresstre et hostile.
l’offensive dure et dure encore. le guidage automatique n’a pas pu esquiver l’attaque. La protection de la carlingue résiste plutôt bien.
C’est maintenant une ambiance sonore de la guerre des étoiles, l’attaque précédente ne devait être qu’une simple prémisse.
Enfin, à nouveau un cling, cling, cling, cling, cling,cling d’un triangle auxquels réponds une sorte de timbale, clong, clong, clong, clong, clong, clong (oui, 6 exactement, sur une base rythmique de disco)
Puis soudain la lumière m’éblouit, le vaisseau est arrivé à bon port.
Mais où?
Curieusement, je reconnais les créatures du départ. Elles n’ont pas pris une rides !!!
Mais combien de temps aura duré ce voyage interminable?
Je suis déséquipé à la vitesse de la lumière.
Le voyage a été bon me fait l’une d’entre elle?
Je ne réponds pas ou plutôt je fais un signe de tête en guise d’acquiècement.
Le général va passer vous voir, traversez le sas de décontamination, pusi attendez dans le salon.

Le général ne tarde pas à passer une tête. Il a plutôt un air de capitaine haddock avec sa barbe de 3 jours.
Il me fait la simulation du voyage intersidéral a été parfaitement mené. vous avez atteint les limites normales !!!

Euh! je croyais être sur Mir!!!

Vous pouvez partir, il ne sera pas nécessaire de faire un nouveau test de simulation.
En quittant, je jette oeil par la fenêtre du couloir. GE en lettres entrelacées bleues sur le vaisseau fantôme.
Ce n’était donc pas une téléportation, 30 Mn, le voyage aura duré l’équivalent de 30 années lumière.

PS: Au moment de quitter le centre intersidéral, une hotesse me remet un pli qui contient un DVD en souvenir de mon voyage :). Je l’ai visionné, en postface, il y a deux smileys 🙂 🙂 tout sourire. Tout va bien.

Matin brouillard.

Je ne sais pas où ce train me mène mais il y va.
Le brouillard cache le paysage et je devine seulement quelques formes fantomatiques.
Ajouté à la vitesse quasi supersonique de ce train dans la plaine, cela donne un parfum inéluctable.
Le train roule, roule, accélère. Il fonce, fonce à toute allure.
C’est comme un avion à l’atterrissage, il y a une fraction de temps où il n’est plus temps de remettre les gaz pour repartir et rester en vol.
Ici, le sentiment qui se dégage est exactement celui-ci, mais dans une dynamique symétrique.
Dans le wagon, pas un bruit, pas une seule parole comme si les passagers du vent retenaient leur souffle.
Un silence presque pesant, destination un ailleurs inconnu.
Dehors, il n’y a âmes qui vivent.
Le train accélère encore. Il va sans doute décoller, çà y est nous sommes dans les nuages, enfin je crois.
Le train vient de passer dans une quatrième dimension c’est sûr.
Personne ne l’a remarqué et pourtant c’est bien le cas.
Le voyage qui commence aurait-il une destination ?
Les passagers semblent hypnotisés et calmes, sans peur ou panique apparente.
Mon rythme cardiaque s’accélère aussi sûrement que le train grimpe en vitesse.
Nous venons de croiser dans le ciel, entre deux nuages, quelques avions à hélice. Je suis tout étonné car les hélices sont animées d’une rotation lente, si lente, comme au ralenti. Sur les turbines, je peux déchiffrer furtivement un acronyme, ERDF (En Route Dans le Futur, c’est une confirmation !)
L’impression de vitesse s’en trouve décupler. Je suis devenu comme un électron dans l’immensité d’un blanc gris ouaté.
Je ne connais pas le voyage, mais il va très vite.
Le bathyscaphe qui m’emmène désormais ne plaisante pas, il sait.
Et je ne sais pas.
Dehors, par le hublot, je ne perçois qu’un univers figé. Einstein saurait sans doute me dire.
Vertige infini, où suis-je ?

Neolingua

Je viens de découvrir une nouvelle langue.
Je ne sais pas si elle va supplanter le chinois ou même l’anglais. En tout cas, Google ne la connait pas encore !
Bizaremment, je tape le mot à traduire, je choisis « détection automatique de la langue ». Je clique.
Mais rien, Google « sèche ».
-tomodensitometrique
-ilions
-coxopathie
-coccygien
-chondral
-cotyle
-ilio
-lyse
-ostéophyte
-ischio
Je relis, une fois deux fois, la seule expression que j’ai comprise c’est « Siemens Emotion ».

Tu parles d’une emotion ! Il est trop gris.
Ah! si, un petit bout au passage « pas de modification traumatique de la structure »
Et l’homme en blanc qui dit je ne vois rien.
Je m’inquiète, parce que moi, je vois sur son écran une sorte d’image faite de taches, comme chez un test de Rorschach.
Moi, je vois très bien, une image de la planète Venus sur l’écran de gauche et de l’autre côté, une vue aérienne des nuages au-dessus du Piémont.

Il répète je ne vois rien.

Je me dis qu’il faut qu’il change de lunettes, je n’ose lui dire car sa loghorrée ne laisse aucune place aux commentaires.
Demain, je m’inscris à Dauphine en langue « NeO »

Dans quatre ans, j’ai mon Master et je te traduirai !