L’autre jour, Madame me fait: « je suis complètement débordée, j’ai même pas eu le temps de passer ma commande, et la petite (qui grandit) n’a plus rien à se mettre » Serviable pour deux , je lui réponds, mais je vais la passer ta commande. Et de rétorquer en se gaussant, que sur le net, j’allais probablement passer la commande pour Noël !!! Mais non lui fis-je, tu vas voir, c’est hyper pratique, en deux clics c’est fait. Je récupère donc la commande griffonnée, article,référence, taille, une parfaite organisation ma reine des blés! Je me connecte, www.vetementchicetpascher.com Mince, j’ai pas pris le numéro de cliente (vi, les clients mâles, çà n’existe pas sur ce site). Je vais donc entreprendre un travail de recherche de 3ème cycle pour trouver le dit numéro de cliente (genre bureau de libellule), et hop! Je tape méticuleusement mon numéro de cliente et je clique. Re-mince, il me faut un mot de passe!!! Mais j’en ai pas de mot de passe moa!!! et la reine encore moins, elle est fidèle à son minitel et jure ses grands dieux qu’elle n’utilisera jamais cet outil chronophage qu’est le net. Bon, une case à cliquer « vous avez oublié votre mot de passe » Sauvé! Je clique, et là il me demande mon adresse courriel…toujours de cliente. Et là, je suis dubitatif, mince, si la reine n’a jamais utilisé le compte, à quelle adresse courriel est-on enregistré ??? Je tape la mienne, hop! vous n’êtes pas connu comme cliente (forcément que je marmonne, suis un homme). Je tape l’adresse courriel de la reine, chouette çà passe. Bon, faut que je récupère le mot de passe maintenant. Dis, tu peux venir voir si t’as reçu un courriel dans ta bal. Je le savais me fait-elle, tu vas me faire perdre plus de temps que si je l’avais passée moi-même, franchement t’es bien un homme! Finalement, elle vient bon gré mal gré et m’ouvre le courriel, et je récupère le mot de passe. Je reviens à mon site, je veux taper le mot de passe mais comme le délai d’expiration de la connexion est désormais dépassé, il me rejette à la case départ. Je recommence donc, je re-tape le numéro de cliente, m.é.t.i.c.u.l.e..s.e.u.m.e.n.t puis le mot de passe, çà marche, il me répond « bonjour madame … ». Alors la commande, comment fait-on, je fouille sur la page à l’écran, ah! voilà commande sur catalogue. Vi, c’est bon. Je rentre maintenant les 11 références, toujours très m.é.t.i.c.u.l.e..s.e.u.m.e.n.t, vi, la reine si je me trompais m’en voudrait au moins pour deux décennies, et je vérifie que libellé de l’article correspond bien à ce que la reine a écrit sur sa commande griffonée. Pas de chance, les libellés sont identiques sauf quatre !!! Disons que çà se ressemble, mais là j’ose pas l’interpeller, rapport au commentaire qui précède, si je lui dis, c’est inscrit « Cardigan » et toi t’as marqué « Gilet », c’est bien la même chose ? Enfin, je préfère re-vérifier chaque numéro de la référence tout seul, au moins, je n’aurai pas de commentaire. Bon, j’y suis, j’ai tout vérifié deux fois si ce n’est trois, je passe à l’étape livraison. La reine ne jure que par le relais qui se trouve à deux pas, donc parmi tous les modes de livraison proposés, je choisis, livraison au « relais le plus proche de chez vous », livraison le lendemain, chouette !!! Un clic et go! Chère cliente, nous sommes désolé, le relais est actuellement fermé pour une durée indéterminée, veuillez choisir un autre mode de livraison. Maaaaaaaaaaaaaaa!!! Alors là, c’est cousu, elle va me faire le coup, du « sur minitel » y a pas ce genre de problème! Du coup, persévérant (vi, c’est mon défaut), je recommence l’étape, avec le « relais », mais obstiné, le site me renvoie un cinglant « le relais est actuellement fermé ». Il reste à se replier sur la livraison à domicile qui du coup passe à un « 3 à 5 jours » ! pas cool ! La petite n’a plus qu’un petit top et une jupette, avec la fraîcheur automnale, elle va attrapper une pneumonie !!! Je poursuis, étape 4, paiement Si vous avez un code de réduction, entrez votre code. Euh!!!! j’en ai pas, enfin, nous en avons sûrement reçu des tas, avec voiture en prime, voyage aux baléares et j’en passe, mais j’ai tendance à faire le vide rapidement au grand dam de madame qui m’insulte de tous les noms d’oiseaux quand elle ne retrouve plus aucun code de réduction. Qu’à cela ne tienne, hop! exalead (vi, c’est le google français, Exalead je le teste en ce moment, en version beta), code de réduction le « payschicetpascher », et toc! une liste de réduction, y en a au moins pffffffffffffff!!!! sont bien ces internautes solidaires quand même, euh! clientes pardon! Je prends le plus favorable 40% de réduction sauf coin de pages rouge,vert,bleu enfin presque l’arc-en-ciel! Je tape le code, et je constate attristé que la réduction n’a opéré strictement aucune réduction!!! Pfffffffffff! on n’a pas idée aussi de commander dans les pages arc-en-ciel ! Je prends un autre code, réduction 35% Et clic je valide ! ouahhhhhhhhhhhhhh!!! çà marche. Euhhhhhhhhhh!!! enfin faut le dire vite, il y a une chose qui vient de changer subrepticement sans prévenir, une seule chose, c’est la disponibilité, tous, je dis bien tous les articles étaient dispo sous 24h!!! et bien là, miracle de la réduction, le délai vient de passer de 24h à un délai compris entre 2 semaines à 12 semaines !!! Je te jure, c’est vrai, la réduction des prix et l’allongement du délai, c’est une équation de Lavoisier, rien ne se perd tout se transforme. Remarque, la reine des blés me l’avait déjà dit, quand tu mets ton code de réduction, plus il est grand moins t’as de chance d’avoir l’article, soit il est épuisé, si si, soit il faut attendre 3 mois, de quoi te faire renoncer parce que si tu commandes à Noël et que tu reçoives à Pâques, çà risque de faire un décalage de saison! Comme çà, ils te font pas de pub mensongère, nan, nan, nan, juste qu’ils ont une gestion de stock optimale (vi, pour te faire des prix bas), et puis tu comprends, avec une telle réduction, ils ont été pillés, ils viennent juste de repasser la commande dans une province de Chine. Des scélérats !!! attends, je le refais, des scélérats, j’aime bien ce mot tiens ! çà soulage. Je paye maintenant. Quel moyen voulez-vous ? Je clique dans la liste, et je prends la carte PPR. Hi hi hi! tu connais pas, mais si, la carte Fnac, elle marche aussi ici !!! Je tape mon numéro de carte Fnac 8444 4555 3243 xxxx / Expire le 09/09 Clic, je valide Message « Une erreur est survenue pendant votre traitement, la demande de paiement n’a pas été prise en compte » ???!!!!????? C’est koi ce truc! Je fais retour, je re-tape une seconde fois mon numéro de carte m.é.t.i.c.u.l.e..s.e.u.m.e.n.t, j’ai dû faire une erreur de frappe. Je valide et voili! Que nenni! Même message…Grrrrrrrrrrrrr! A table ! et la reine des blés de ricaner ostensiblement devant tant d’inefficacité pour passer une si petite commande. Pffffffffffffff!!! Je reviens après dîner (vi, suis persévérant, c’est mon défaut). Je fais retour, je tape mon numéro et clic Hop! miracle de la technologie en https, çà passe! Valider votre commande, cliquer « ici ». Hop! je clique… Nannnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn!!!! Ouf! j’ai eu la demi-seconde de réflexe qu’il fallait (vi, suis très jeune pour mon âge). Le montant ne tient plus compte de la réduction , enfin , j’sais plus trop mais, là le montant ressemble à une note de chez Cartier! Je reviens en arrière, clic ma carte Encore le code Encore la livraison Encore ma commande !!!@@###!!!!!!!!!!!!!!!!!?????????@@#???????,!!!!#§§§!!!!!!!!!! Maaaaaaaaaaaaaaaaa! avec toutes ces manipulations génétiques, ma commande a été multipliée par quatre, je te jure, tous les articles, mais 4 fois, ils l’avaient dit à la télé, les OGM, c’est pas bon pour la santé. Le ridicule ne tue pas et la reine n’est pas là, ouf! l’honneur est sauf. Je recommence tout, je vous passe les détails, maintenant vous savez, enfin, je sais, du coup, je vais bcp plus vite 😉 Article / clic / Livraison / clic / Code /clic / Paiement / clic et surprise, çà marche… cette fois-ci. Reste plus qu’à attendre Noël, d’ici là la petite aura grandi et nous aurons acheté des vêtements pour attendre… La reine des blés avait raison, le minitel c’est beaucoup mieux mais je n’aurai rien eu à écrire ! Hi hi hi! vous êtes encore là et vous avez tout lu !!! Je vous avais prévenu, le net, c’est chronophage, CQFD. PS: La reine vient de m’appeler sur mon portable pour me demander 5 jours après si j’ai bien pu finalement passer sa commande , et cela tout à fait sérieusement ! J’ai dit oui, mais nous n’avons toujours rien reçu! PPS: Pour les très jeunes, le minitel, c’était avant « internet ».
Auteur/autrice : pyrome
Bruissement
C’est la fin de l’été ! Les chenilles se sont toutes métamorphosées. Les papillons tourbillonnent dans un bal improvisé. Ils sautillent d’une fleur à l’autre, tels de jeunes chiens fous Les papillons bigarrés s’éparpillent, un peu touche-à-tout La lavande se balance dans une douce caresse Ils s’y posent, imperceptiblement, en délicatesse C’est la fin de l’été C’est encore l’été Les papillons refleurissent nos parterres Apportant de toutes nouvelles lumières Ils clignotent de leurs ailes quelques doux messages Les papillons vous ignorent continuant leur coloriage Et aussitôt s’envolent plus léger que le vent Dans une danse sensuelle, capricieusement. C’est encore l’été C’est l’été Les papillons surgissent de toutes parts Et vous invitent à un spectacle très rare Ils s’accouplent sans pudeur à la gente végétale Leur plaisir vibre, dans un battement de pétale Dans un bruissement d’aile élégant Puis rapide, d’un orgasme fulgurant C’est l’été
Napoléon
Cet été je suis retourné à Berlin. Je n’y étais jamais retourné depuis la chute du mur. Ce mur si pesant au milieu de la ville imposait sa présence. Il était impossible de le taire, quelque soit le quartier, il était là, au bout de la rue, coupant les rails oubliés du tramway. Pesant par son emprise militaire omniprésente, miradors, soldats, check-point, le mur privait d’un espace de liberté, plutôt d’un espace pour respirer. « Ick bin ein Berliner » avait lancé JFK du haut d’une estrade près du mur. Ces estrades, parsemées le long du mur me donnaient le frisson. Je m’y étais aventuré une fois, peut-être deux fois… Mais voir de l’autre côté, des soldats impassibles, armés comme pour un temps de guerre, des soldats du même âge, si jeune, avec un regard froid voire soupçonneux qui vous scrutait jusqu’aux os, voir ces soldats derrière le mur me tétanisait. Découvrir, juste de l’autre côté, le morceau de rue qui se prolongeait, vous rappelait une amputation. Non, l’amputation serait la perte d’une extrémité, non, c’était une blessure béante, au milieu, un sectionnement, c’était beaucoup plus qu’une amputation. Il y avait ce fameux Check-point Charlie encore plus angoissant. C’était un point de passage obligé pour se rendre de l’autre côté. Mais quel point ! C’était surréaliste mais bien réel. Décrire le ressenti lors du passage dépasse mes mots. Une angoisse montait au fur et à mesure que l’on avançait dans cette rue du quartier américain, au premier poste de soldat américain, la respiration se tend, le corps en concentration se prépare comme pour un départ du 100 mètres. Puis la chicane, les miradors, les soldats aperçus depuis l’estrade, ce que l’on appelait les « Vopos », VolskPolizei, la police du peuple…contrôlait servile, l’asservissement de la ville. Le mutisme envahit l’habitacle, même le moteur est silencieux. L’atmosphère est surannée, aucune respiration, la tension est à son comble. Le corps est aux aguets, tous les sens se contractent, le visage se ferme, l’oeil se met en mode rafale, et chacun se donne un air de ne rien voir. Fin de la chicane, le corps refuse de se détendre, seule la respiration se lâche, le moteur ose à peine ronronner. Il fallait quelques minutes, plus encore, après avoir tourné à droite, hors de vue du mur, une éternité avant que nous puissions à nouveau parler, j’allais dire librement. Il y avait aussi un mur plus rebelle. Celui du centre où les premiers tags apparaissaient, comme pour défier son autorité, son austérité. Cela peut vous paraître anodin, mais cela ne l’est pas. A l’époque, les tags étaient encore très rares, ils n’avaient pas envahi les grandes villes de leur stigmate accrocheur. C’était un espace de liberté sur un instrument privant de liberté. La sensation qui s’en dégageait était presque jubilatoire, un vrai pied de nez. Quand au détour d’un de ses méandres tu apercevais l’envers et l’endroit, cela faisait penser à une pub pour la lessive, avant, après, un côté gris neuf et vierge, de l’autre un côté frondeur et coloré… Dans le quartier français, une inscription prémonitoire « murmure d’un mur mort ». Hors du centre ville, le mur imposait sa silhouette trop propre. Je ne manquais pas, avec une certaine espièglerie, de jeter un oeil à travers le mur dans quelque fissure, un regard librement volé, quelques épis de blé, un coquelicot, et au loin, la cité. Je ne sais pas si ce mur a orienté plus tard certains de mes comportements. A y regarder de plus près, je crois que oui, je ne sais pas dire non. Les vrais murs que l’homme construit, rares mais trop nombreux, rappellent inexorablement la vraie nature humaine. Les murs que l’homme bâtit sont d’abord dans les têtes. Ceux-là ne sont pas rares, ceux-là se construisent chaque jour. Le plus souvent ils sont érigés sur les fondations de la différence de l’autre, différence de culture, de religion; différence d’appréciation, d’éducation; différence de pensée, d’intérêt; différence de perception, d’appréhension, différence de sentiments, d’intensité, toutes les différences. Ces murs là dressés dans les têtes sous l’impulsion d’un moment sont aussi durs et injustes. Ces murs là sont devant vous, en vous, les sentiments plus que la raison les ont bâtis. Vu d’ailleurs ils font sourire, vu d’ici ils font pleurer. Seul le vent l’emportera, et quelques gouttes de pluie aussi.
Nuit de verre
Figure-toi que trouvez une chambre disponible à Paris pour ce soir, c’était impossible !
Faut dire que je m’y suis pris au dernier moment!
Pas moins de trois secrétaires sur le pont, et pas une chambre disponible ! Le 18 oui, le 21 oui, mais le 19 et 20 rien.
Vous comprenez, avec tous les salons !!!
Ben, j’sais pas quels salons il y a en cemoment dans la capitale, mais j’ai testé moi-même, rien !
Finalement, j’ai trouvé à 19h hier soir, vi je sais, suis du genre opîniatre.
Mais alors, pas vraiment Paris, nan, quartier Défense !
Pffffffffffffffffffff! Nanterre préfecture, tu connaissais toi ?
Ben tu perds rien, mais rien de rien.
T’arrives tout droit du RER, sur une place ou les rails de tramway oubliés ont un air artistique de sculpture néo-moderne, ils sont en éventail !
Mais passer l’effet de surprise, c’est carrément vide de vie, j’aime pas mais pas du tout.
Le réceptioniste m’annonce que mon paiement internet n’a pas fonctionné, je râle pour la forme!
A peine, et il me dis, je vous surclasse en chambre « privilège » !!!
Tu parles, du coup je me dis, pas si complet que çà finalement.
Et là, la chambre « Privilège » , je m’en moque éperdument, je suis là pour une seule nuit, et franchement, j’ai un superbe écran plat !!! pffffffffffffff!!!
Un lit aussi large que long…
Bon, je n’ai pas mangé, je descends.
Il y a bien le restau de l’hôtel, en bas, mais j’aime pas ne pas pouvoir choisir, je préfère sortir.
Et là il y a sur la place de béton aux rails perdus, genre mikado éparpillé, deux italiens, nan des franco-italiens, un chinois, et un japonais, ah! j’oubliais, un turc.
Une ambiance vide. LA clientèle est éparse, les rues sont vides, les bureaux sont vides, l’espace est vide. Je consomme ma lasagne, et hop! je file dans ma chambre « Privilège »
Bonne nuit!