Ce matin, vol de nuit. Je m’engouffre sur une route de campagne à la sortie de la ville. Il fait nuit. La route est humide d’une pluie d’automne, et au moment de bifurquer pour quitter la lumière de la ville et plonger dans l’obscurité, comme un passage, une porte imaginaire entre deux arbres séculaires qui se joignent au-dessus de la médiane de la route donnant un air mystérieux à la Harry Potter. Embarquement dans l’espace des sorcières. Sitôt passer de l’autre côté, des papillons virevoltent dans le halo de mes phares, ils sont des milliers à se précipiter dans la lumière, comme soulevés du sol, endormis qu’ils étaient. Ils ont tous des couleurs d’automne, à s’y méprendre, un air de feuilles mortes. Je glisse un CD, une voix aux accents canadiens, « Donne moi tes lèvres, donne moi, donne moi tes yeux »… Je file sur les ondes, comme un sorcier sur son balai, une musique entre les oreilles. Le jour ne se lèvera pas jusqu’à la grande ville où je rejoins les hommes pressés…
Auteur/autrice : pyrome
Invitation sonore
Je marchais dans la rue mon MP3 aux oreilles (vi, je t’expliquerai, j’ai succombé aux sirènes des opérateurs de mobiles). J’avais téléchargé le podcast de la BBC, et je prenais un cours d’anglais (comment çà, j’en ai besoin !) , plutôt distraitement d’ailleurs. C’était le lever du soleil, et j’étais seul.
J’ai voulu baisser le son, ou je ne sais plus, et je me suis retrouvé avec
« Bruxelles » de Bénabar (vi, je viens de l’acheter, Nan! je ne l’ai pas téléchargé 😛 ). L’album « Reprises des négociations »…
Je n’ai pas encore capté le titre, mais je dis rien, souvent mes propres titres à moi !??!!!??? Je tombe nez à nez avec Bruxelles à mes oreilles, c’était la première fois que je l’entendais. J’ai même compris les paroles, ce qui est rare chez moi 🙂 ))) J’ai souri, je voyais ta tête si je t’envoyais une invitation pour Anvers, Amsterdam ou Copenhague!!! J’ai souri encore, le soleil était superbe.
J’ai transformé mon MP3 en APN, la photo fut complètement ratée (voir plus bas le magnifique lever de soleil), en surexposition de jaune et de rose.
Tisane bleue
Prendre un rayon de soleil jaune orangée du matin
Ajouter deux perles de rosée cueillies sur l’herbe fraîche Mélanger avec quelques traces arc-en ciel d’une traînée d’escargot voyageur de la nuit
Compléter avec un fil, juste un fil, tissé par une araignée entre deux bambous exotiques Laisser prendre la couleur
Quand l’indigo profond te submerge
Déguster sans hâte
Se laisser caresser par une sensation indicible
Cligner de l’oeil
Respirer la couleur
Puis guérir d’une saveur d’antan oubliée Douce émotion
Avec un sourire, les yeux fermés
Tixa
Dans les steppes Ce matin, un air sauvage dans la tête. J’arrive à Rohazon, drôle nom, c’est juste l’heure du lever du soleil. Ma nouvelle voiture écologique me le rappelle, après une ruade dans l’allée avant de me garer, ma voiture a poussé le chant du coq, c’était juste le lever du soleil. D’ailleurs à trois pas, une autre voiture écologique s’est signalée en répondant par un gloussement de gallinacé, ravi de sortir de la torpeur de la nuit. Je suis un peu juste en temps, le loup de fer n’attendra pas. J’arrive quelque part, drôle d’endroit, c’est juste le lever du soleil qui s’annonce. Je chevauche dans la steppe, il fait frais dans la brume matinale très légère. Mes poumons se remplissent d’un air vivifiant, ma peau respire de mille gouttelettes micro-aériennes, c’est un matin sauvage, seul au monde dans un paysage à perte de vue. Je suis entouré de chevaux paisibles, comme endormis. Et là, sur l’horizon septentrionale, une couleur rose de Grace perce la torpeur de la nuit, quelques nuages gris d’Anvers s’étirent en ombres chinoises, vestiges de la pénombre nocturne. J’ai pris un guide pour me rendre au lieu de rencontre des loups de fer. Il a un air sympathique, empressé, l’oeil vif, petite moustache fine, un teint basané par le soleil d’ici, Tixa, c’est son nom, déambule dans ces lieux inconnus comme s’il était chez lui, moi pas. Nous arrivons très vite. Tixa perd de son flegme assuré à l’approche de la meute, un tronc d’arbre barre le sentier, et son cheval refuse de le franchir. Il gromèle, s’impatiente. Le gardien de la clairière finit par tirer son cheval par les rênes et lui fait franchir l’obstacle. Les loups de fer apparaissent d’un coup, mon guide Tixa ne s’était pas trompé. Le ciel a un air de steppe sauvage, teinté d’un rose de Grasse et de quelques gris d’Anvers. Ce ciel d’aurore est superbe dans sa diaprée automnale.