Seul dans la rue

Ce soir je sors de mon rendez-vous plus tôt que prévu. Enfin, plutôt moins tard que prévu 😉

Alors je me dis, sous la pluie de Paris, prends un taxi et file à la Maroquinerie.
Personne ne s’est manifesté pour mes billets, et avec un peu de chance je vais arriver pour le bis.

Je suis du côté des Champs, mon rendez-vous était dans les quartiers huppés, tout ce qu’il y a de plus business class !

Comme j’étais persuadé sortir bien plus tard, je n’ai même pas pris la peine de regarder où était cette salle de concert.

Je ne suis pas d’ici, et c’est bien la première fois que j’entends parler de cette salle!

Aucun taxi, enfin nan, des taxis par dizaines, mais aucun n’est libre. J’ai beau scruté les petites lumières au-dessus des toits, sous la pluie j’y vois rien, alors je hèle, mais rien n’y fait, ils sont tous pressés.

Je décide de prendre le métro, au-hasard, direction Châtelet. Je tape sur mon tel multifonction ‘La maroquinerie’ et j’ai une liste à faire pâlir le Sultan du Brunei… Pffff! Evidemment avec un nom omme çà, je vais pas retrouver l’adresse tout de suite.

Maroquinerie: bagages en tout genre
Maroquinerie: bagade de luxe
etc…

Finalement, après avoir ajouté salle de concert, je tombe sur un seul numéro que je m’empresse de faire. Ménilmontant qu’ils disent sur le répondeur. Alors je file là-bas.

Ligne 11 je crois, il faut changer à Belleville, joli nom. Je suis pas très parisien et aussi un lutin distrait, je manque l’arrêt et me retrouve dans les Pyrénées!
Je t’assure, les stations de métro portent des noms incroyables. Je me dis soudainement, je suis allé trop au Sud. Je sors illico, je chausse mes skis, et je change de quai et hop! Cette fois-ci, je descends à Belleville pour Ménilmontant.

Je sors, la pluie se fait plus fine, je cherche un plan à la sortie.

Je consulte ce plan de quartier, mais rien, rien de rien, ni la rue, ni la salle.

Alors je demande au quidam à côté de moi, qui m’avoue son ignorance quant à l’existence de la salle, bien qu’étant du quartier. Je ne suis pas arrivé…
Alors, je lui parle de la rue, tiens la rue, c’est pas bête, mais nan, pas sur la carte, pas plus connue. Rue Boyer… Je demande à plusieurs passants, mais non, ni la salle, ni la rue, j’en suis à me demander si j’ai bien regardé sur mon téléphone bleu.

Je fais un 360°, cela ressemblerait presque à un cour du Sud de la France, Sarlat, ou encore Béziers, avec ses allées Paul Riquet, sauf que c’est la nuit, qu’il n’y a pas de soleil…
Je marche un peu au hasard, le nez en l’air, mince flic, flac, floc, j’ai mis le pied dans une flaque d’eau, que dis-je, une mare !!! Alors là, je vais avoir les pieds baignés pour la soirée…

On n’a pas idée quand même de marcher sans regarder où l’on pose les pieds. La limite d’eau s’est arrêtée à quelques millimètres du haut de la tige de ma chaussure, si si, j’ai vérifié le lendemain, il y avait encore la trace, comme pour les inondations.

Une chose est sûre, la chaussure doit être de qualité, car je suis resté au sec, faudra m’en souvenir quand je devrais les remplacer.

Finalement, j’accoste deux jolis brins de fille, le mot accosté n’est pas trop fort, à cette heure -ci, un homme comme moi, encore tout endimanché, vi ben j’ai pas eu le temps de changer de tenue, je suis en costume cravate, et franchement, aborder des jeunes filles dans la rue… Timide mais je me soigne, donc je me lance.
La salle de la Maroquinerie, vous connaissez ?

L’une d’entre elle s’illumine, oui, c’est pas tout près, vous remonter la rue devant vous, et ensuite ce sera sur la gauche… fait-elle en faisant de la main un grand signe à droite.

Je suis un peu perplexe devant la complexité féminine, parfois! Je lui fais, mimant son geste donc je vais à gauche sur ma droite avec un air malicieux. Elle comprend soudainement ma facétie, et pouffe de rire!

Je lui fais confirmer qu’il s’agit de la droite et me voici à mouliner en montant dans cette rue qui porte bien son nom.

Ah! Mince, je ne l’ai pas invitée, si çà se trouve, elle m’aurait accompagné…

Rewind… Nan, suis déjà tellement en retard.

Me voici arrivé, finalement c’était tout près.

Le guichet est encore ouvert, LE préposé aux billets s’apprête à me vendre un billet que j’ai déjà en double. Il me fait, si vous avez les billets, allez-y le concert vient à peine de commencer.

Je me présente au garde d’entrée, je présente mon billet, il me fait non, c’est l’autre.

Alors je range mon billet, rebrousse chemin et cherche une autre salle un peu plus loin, çà doit être un vrai complexe.

Putainggggggggg!!! J’ai l’air bien avec ma tenue d’homme d’affaire de la Défense. L’ambiance est plutôt cool, et fort jeune, vi, ben plus jeune que moi.

La faune sirote des bières dans une atmosphère enfumée, mais je ne trouve pas la seconde entrée.

Je reviens, demande au garde-porte où se situe la seconde entrée. Il me fait, mais il n’y a qu’une salle.

Alors je sors à nouveau mon billet, il me fait non, c’était l’autre billet.

On ne rit pas !!!

J’avais présenté le justificatif de paiement…

Je rentre dans la salle, Joseph n’est pas encore sur scène. En fond sonore passe un morceau de RéDéYé… Je suis même presque à l’heure avec plus d’une heure de retard.

Tout le monde est debout dans cette salle comme un œuf. Et je suis complètement décalé. Suis le seul homme seul de mon âge dans cette salle de concert dans ma tenue de bureau !!!

Tout le monde est en Jean, Tee-shirt, Basket ou Converse… Ouf ! les musiciens ont mis une cravate, je me sens moins seul, même si discrètement je l’ai glissée dans ma poche.

Achetez l’album…

Je rentre, la pluie a cessé, et Paris s’allume sous mes pas.

J’ai l’estomac dans les talons (vi, ben j’ai pas eu le temps de manger, je t’entends d’ici me dire que c’est le carême)

Le concert fut bon, j’étais pas vraiment seul mais c’est un secret 😉

joseph d'anvers - Les choses d'en face

Ce matin

Je viens de prendre le RER gare du Nord pour rejoindre CDG.
La voiture est pleine, pas bondée, mais une affluence certaine.

Je regarde au dehors un mur de nuage gris, il fait déjà jour, il n’est pas encore 8 heures, et l’hiver s’en est allé sans être jamais venu. Il fait jour tout gris, la pluie en prime.

Je suis dans mes pensées, en train de préparer mentalement mon document pour la présentation client. Soudain je suis distrait par un musicien amateur, enfin amateur débutant. Il souffle une mélodie poussive dans un saxo, avec en note de fond un rythme de batterie qui n’a rien à voir avec la mélodie qu’il joue, mais cela ne semble pas le gêner. Il pousse son morceau, avec application, avec effort, et ce ce qui rend l’instant unique.
Imagine, un musicien appliqué comme dans une audition d’école de musique avec en fond un rythme de batterie venue d’ailleurs 🙂 )))

« it’s a wonderful life, wonderful life… »

Je regarde dehors, le ciel est plutôt bleu, non ?, gris bleuté, c’est bleu.

« it’s a wonderful life, wonderful life… »

Remise des copies

J’appelle la tribu pour prendre quelques nouvelles. En fait c’est plus pour mettre un sourire dans le soir.

Et là, au cours de la conversation avec l’ado de lutin, elle me fait, j’ai eu un 15/20. Tout ceci avec une grande fierté dans le ton. En effet, le lutin était fâché avec le prof, et partait de beaucoup plus bas, une note de 7/20 au précédent trimestre alors que les années précédentes, les notes flirtaient avec les sommets…
L’ado de lutin était désemparé et donc le lutin de père avait dû convaincre de la qualité du prof, et de la qualité du lutin lui-même pour pouvoir passer le cap. Donc c’est fait ! 15/20, Bravo, lui fais-je, et j’ai entendu un sourire au téléphone.

Et toi papa ?

Moi aussi, j’ai eu un 15/20.

Ah! bon! fait l’ado de lutin incrédule… T’as aussi des notes.

Eh! vi lui ai-je répondu, c’est comme çà dans la vraie vie aussi.

Ah! ben çà alors… Je vois le lutin passé de l’état dubitatif à l’état d’étonnement convaincu.

Puis

Mais qui est-ce qui te met une note ?

Et de lui répondre, ben c’est moi, j’ai fait eu un satisfecit des clients, et çà me donne ma note 😛

Trop facile s’en est allé le lutin d’ado.

Pourtant, cette semaine, je te jure, c’est du 15/20…