Ménage d’automne

Il est des moments particuliers, de ceux que la vie vous offre au détour d’une journée.
En l’occurence, c’était une matinée.

Je participais à une séance de nettoyage de printemps en automne. Tu me diras, il n’y a pas saison pour les braves.
Oui, mais les braves étaient très peu nombreux, et la cave complètement envahie.

Nous allions y passer la journée! Que dis-je la semaine, à trier tous ces bouquins, ces vieilleries, ces choses oubliées depuis des décennies.

Et puis, non content d’être peu nombreux, la municipalité dans sa grande bonté d’âme avait mis à disposition une benne pour débarrasser l’ensemble, mais ô surprise à presque 1km de l’endroit!!! Je te jure, nous avons dû tout transporter à bras alors qu’il eût été si simple… Mais bon, passons.

Devant l’énergie dévastatrice et sanguinaire de mes congénères, j’avais dû déployer quelques talents pour les convaincre de ne pas passer tous ces trésors de vie endormis dans un recyclage bien-pensant.

Finalement, après discussion, il fut convenu que nous jetterions un oeil bienveillant sur ces ouvrages d’un autre âge afin d’en conserver un exemplaire de chacun et de jeter les autres (Tu suis ?).

Je ne suis pas du tout sûr d’avoir été écouté, mais il y a eu quelques ouvrages sauvegardés!

Je crois bien avoir reconnu ma méthode d’apprentissage de la lecture avec le chien Tobi. Tobi, un drôle de nom pour un chien, t’en connais toi, des chiens qui s’appellent Tobi, moi pas, j’en ai jamais rencontrés, sauf dans ce manuel.
En passant, le ministre ferait bien de jeter un oeil sur les méthodes de lecture, j’en ai parcourues sans mentir, plus de 10, toutes inféodées au dictat de l’industrie du livre complaisamment servie par tous les ministres de l’éducation qui se succèdent avec chacun une nouvelle méthode… Qu’il faudra imprimer dans un nouveau manuel. Bref, de méthode globale, point de traces, je ne sais pas où le ministre a pu en rencontrer, la lecture s’enseigne grâce à des « instits » dévoués, pardon, des « professeurs des écoles », et franchement, en déplaçant tous ces ouvrages désuets, la querelle du ministre me laisse perplexe.

Et puis, à parcourir des cahiers d’antan et quelques perles de mots de parents dans des registres vieillots, je n’ai pas vraiment l’impression que nos chérubins d’aujourd’hui soient d’un niveau moindre, bien au contraire.

medium_Num452

Malicieusement, dans ce travail d’autodafé, je me proposais souvent pour jouer les gros bras, ce qui me permettait de jeter un deuxième regard pour épargner quelques livres promis à un recyclage salvateur.

Et là, comme un clin d’oeil, un numéro hésitant, d’une écriture enfantine, 452 . Un morceau de bonheur dans un sourire.

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