Boétie,
Première brume de l’année ! Oui, le brouillard se fait tardif. Habituellement, il suit l’arrivée officielle de l’automne, et dès fin Septembre, il peuple les matins, simple témoin du changement de saison, transition entre un été et un hiver, un passage.
6h du mat, Il fait tard, il fait brouillard.
Cette année le brouillard s’est annoncé un 27 Octobre, comme un retardataire, le brouillard avait l’humeur des vendanges tardives. Il se faisait attendre pour prendre un peu plus de sucre, de suavité.
6h du mat, Il fait tard, il fait brouillard.
Ce brouillard tardif a un air de sorcière des collines, il vous plonge dans un monde inattendu, d’un monde qu’on n’attend plus et qui surgit sans qu’on y prenne gare, non pas par surprise, mais par étonnement. Les yeux écarquillés pour mieux voir, une danse du matin s’exécute, improvisée, des gouttelettes de partout, et au passage du portail, un fil, un immense fil tendu par je ne sais quelle araignée de la nuit ou quel funambule, un fil s’écrase à la hauteur de mon nez, je n’avait rien vu, les yeux grands ouverts, c’est sûr , il y a comme une magie ensorcelante dans cette danse matinale.
6h du mat, Il fait tard, il fait brouillard.
Mon taxi driver est philosophe, c’est le propre du taxi driver du matin, bien mieux que celui du soir. Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, et la philosophie se conjugue avec chauffeur de taxi du matin.
Il me dit: « Il fait un de ces brouillards ce matin ! »
« Oui, çà doit être l’un des premiers de l’année »
Il rétorque aussitôt: « Mais c’est le premier! »
Et de disserter sur les ennuis de cette saison qui plonge les mains dans la suie, euh! Non, les matins dans la nuit, j’avais mal compris, tu comprends, avec ce brouillard!
6h du mat, Il fait tard, il fait brouillard.
J’aime ces matins de brouillard, avec leur cohorte de senteurs cachées, leur érotisme torride ruisselant de sensualité. C’est un peu comme après une douche trop longue et trop chaude, l’atmosphère est suspendue comme dans un sauna ou un hammam. (Hammam tu dis, faudra que tu m’emmènes, je ne connais pas). Le matin dans la brume est subtil comme une femme à la sortie du bain. Mille gouttelettes s’écrasent sur mon visage, je regarde à côté de moi, mon chauffeur de taxi est moustachu! Alors je ferme les yeux et me laisse entraîner dans un matin de brume…
6h du mat, Il fait tard, il fait brouillard.
Il va faire beau!
PS: Je m’étais trompé, la brume s’est levée à moitié ( dis, l’accord avec des verbes pronominaux, je ne sais plus trop, faudrait un Bled, avec le temps…, mais je crois que j’ai bon, suis assez intuitif en la matière), la brume s’est levée à moitié, comme un rideau qui se bloque, comme une persienne entrouverte. Cela donne une luminosité inédite, genre « sex and the city », du sol jusqu’à la cime des arbres, un focus impeccable ou presque,et au-dessus, un halo façon (mince comment c’est déjà, les photos de charme post-adolescence, avec des flous artistiques, un nom anglais qui finit en « on »), bref un halo qui donne un air artificiel. (Bon, ben je crois que t’as vraiment jamais regardé « sex and the city » toa!)
pour le photographe qui finit en « on »
c ‘est david hamilton!
mais je prefere nettement sarah moon (une pictorialiste contemporaine!)