Matin brouillard.

Je ne sais pas où ce train me mène mais il y va.
Le brouillard cache le paysage et je devine seulement quelques formes fantomatiques.
Ajouté à la vitesse quasi supersonique de ce train dans la plaine, cela donne un parfum inéluctable.
Le train roule, roule, accélère. Il fonce, fonce à toute allure.
C’est comme un avion à l’atterrissage, il y a une fraction de temps où il n’est plus temps de remettre les gaz pour repartir et rester en vol.
Ici, le sentiment qui se dégage est exactement celui-ci, mais dans une dynamique symétrique.
Dans le wagon, pas un bruit, pas une seule parole comme si les passagers du vent retenaient leur souffle.
Un silence presque pesant, destination un ailleurs inconnu.
Dehors, il n’y a âmes qui vivent.
Le train accélère encore. Il va sans doute décoller, çà y est nous sommes dans les nuages, enfin je crois.
Le train vient de passer dans une quatrième dimension c’est sûr.
Personne ne l’a remarqué et pourtant c’est bien le cas.
Le voyage qui commence aurait-il une destination ?
Les passagers semblent hypnotisés et calmes, sans peur ou panique apparente.
Mon rythme cardiaque s’accélère aussi sûrement que le train grimpe en vitesse.
Nous venons de croiser dans le ciel, entre deux nuages, quelques avions à hélice. Je suis tout étonné car les hélices sont animées d’une rotation lente, si lente, comme au ralenti. Sur les turbines, je peux déchiffrer furtivement un acronyme, ERDF (En Route Dans le Futur, c’est une confirmation !)
L’impression de vitesse s’en trouve décupler. Je suis devenu comme un électron dans l’immensité d’un blanc gris ouaté.
Je ne connais pas le voyage, mais il va très vite.
Le bathyscaphe qui m’emmène désormais ne plaisante pas, il sait.
Et je ne sais pas.
Dehors, par le hublot, je ne perçois qu’un univers figé. Einstein saurait sans doute me dire.
Vertige infini, où suis-je ?

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